Symbolique

La décision de la Cour Pénale Internationale d’émettre un mandat d’arrêt contre Benyamin Netanyahou, le Premier ministre israélien, pour répondre à des accusations de crimes de guerre, n’aboutira probablement pas d’un point de vue concret à son arrestation, mais elle n’en demeure pas moins hautement symbolique, pour plusieurs raisons. En effet, elle fait suite à une longue enquête sur les faits reprochés au dirigeant, dont la matérialité ne peut être contestée, tels que l’usage de restrictions dans la distribution de nourriture ou de médicaments, ou le déplacement systématique de populations civiles. Il appartiendra au chef de l’état israélien de démontrer qu’il n’a fait aucun usage qui n’aurait été strictement inévitable de méthodes non admises par la communauté internationale.

Et c’est là où le bât blesse, car tous les pays n’ont pas reconnu les conclusions du traité de Rome, signé par 139 états, et notamment pas par les États-Unis, dont le rôle a pu être mis en cause au cours des différents conflits dans lesquels il s’est trouvé impliqué. C’est aussi le cas de la Russie, dont le président, Wladimir Poutine, bénéficie de la non-exécution du mandat qui le vise de la part de pays qui ne veulent pas fâcher le locataire du Kremlin. C’est ainsi qu’il s’est déplacé sans être inquiété dans certains pays étrangers. En théorie, Benyamin Netanyahou devrait voir son horizon s’amenuiser, mais en pratique, les effets du mandat d’arrêt seront probablement limités. Car la CPI n’est pas une instance suffisamment puissante pour que ses décisions s’appliquent au-delà d’un petit cercle de convaincus, dont notre pays et une partie de l’Europe. Alors que l’ONU a perdu une bonne partie de sa crédibilité et ne peut pas se dépêtrer des situations conflictuelles du fait des droits de véto au Conseil de Sécurité, le monde aurait pourtant grand besoin d’une instance de régulation reconnue par tous.

La défense du Premier ministre israélien était prévisible, mais prend des allures d’aveu de faiblesse. Tout serait à mettre au passif de l’antisémitisme, de la volonté de détruire l’État d’Israël, qui ne ferait selon lui, que se défendre. Il se compare, excusez du peu, au capitaine Dreyfus, accusé à tort de trahison au moyen de faux grossiers et dont le sort divisa la France et au-delà. Ce serait oublier un peu rapidement que la CPI n’a pas vocation à dénoncer uniquement les crimes éventuels imputables à Israël. En plus de Netanyahou, son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, est visé, mais aussi un dirigeant du Hamas à la suite des attentats du 7 octobre 2023.