Docteur Abbé Pierre et monsieur Henri Grouès
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 18 juillet 2024 10:54
- Écrit par Claude Séné
17 ans après sa mort, celui qui s’est fait connaître sous le nom de l’abbé Pierre et qui était né Henri Grouès en 1912, a fait l’objet d’un rapport accablant faisant état de comportements pour le moins inappropriés vis-à-vis de 7 femmes de son entourage, dont une était mineure au moment des faits. Il s’agit d’attouchements sur la poitrine et d’un baiser forcé, pratiqués sur des victimes non consentantes, qui ont fait l’objet d’une enquête approfondie par un organisme indépendant, et dont les résultats ont été rendus publics récemment. Aucune plainte n’a été déposée à l’encontre de l’abbé, ni maintenant ni à l’époque des faits, et l’action de la justice est désormais éteinte.
Ces révélations ont stupéfié et attristé la plupart des proches du mouvement créé par l’abbé Pierre, pour lutter contre le mal logement et la misère, les Chiffonniers d’Emmaüs, ou la fondation qui porte son nom. L’abbé Pierre était une des personnalités préférées des Français, croyants ou non, qui forçait le respect par son engagement sans faille au service des plus malheureux. Il a fait se mobiliser des politiques pendant l’hiver 54 en lançant son fameux appel au secours, et le public en lui demandant de faire preuve de solidarité en lui envoyant couvertures et vêtements chauds. Son action a été admirable en ce domaine, et elle restera une inspiration pour ceux qui ont prolongé sa lutte. Cependant, l’abbé Pierre, on l’apprend maintenant, avait ses zones d’ombres et les responsables d’Emmaüs ont fait preuve de courage en regardant la situation en face, ce qui est tout à leur honneur.
Ils ont acquis la conviction que les victimes étaient sincères et qu’elles disaient la vérité. Il est possible que d’autres personnes se fassent connaître désormais et que, là comme ailleurs, des langues se délient. Déjà quelques témoignages font état de rumeurs corroborant le comportement de l’abbé. Certains « savaient » ou soupçonnaient, sans certitude, et l’on déconseillait parfois aux femmes de le rencontrer en tête-à-tête. Cette affaire vient rappeler à point nommé que même les personnages qui aspirent à l’exemplarité, voire à la sainteté, peuvent être soumis à la tentation. Et que les membres du clergé, soumis à une règle peut-être trop exigeante de chasteté, peuvent y succomber, enfreignant du même coup les préceptes moraux et les lois de la société. Ce qui ne constitue en aucun cas une excuse, mais une explication. L’abbé Pierre lui-même a parfois manifesté son insatisfaction devant l’impossibilité de ressembler trait pour trait à son personnage : « Assez de ce mythe de l’Abbé Pierre, de ce culte malsain ! Je ne suis pas une idole, j’en suis le premier blasphémateur ! Foutez-moi la paix ! J’en meurs de honte ! »