Sus aux écrans
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 19 janvier 2024 11:03
- Écrit par Claude Séné
Le Président s’ennuie. Et rien n’est plus dangereux qu’un chef d’État qui se rend compte qu’il ne maîtrise pas grand-chose depuis que le peuple ingrat l’a privé de son pouvoir absolu en lui refusant une majorité entièrement à sa main pour satisfaire ses lubies. Bien sûr, il conserve certaines attributions plutôt amusantes, comme le fait de nommer son protégé, certains disent son clone, à l’hôtel Matignon en lui octroyant le privilège de doubler toute la file de prétendants pour passer devant tous ceux qui se voyaient déjà en haut de l’affiche. Et puis quel plaisir de faire espérer aux uns et aux autres l’obtention d’un maroquin purement honorifique, qui les tiendra en laisse pour la fin du quinquennat.
C’est rigolo, mais cela ne l’amuse plus autant qu’il l’espérait. Et il n’est même pas à l’abri de l’accident industriel, comme le démontre l’épisode Amélie Oudéa-Castéra, qui n’a visiblement pas l’étoffe pour dompter le mammouth que constitue l’éducation nationale. Il faut juste espérer qu’elle n’entraîne pas les JO dans son naufrage médiatique. Vous allez dire que je m’acharne, mais il y a des sujets où il n’est pas inutile de posséder quelques compétences techniques afin de les maîtriser. Le président a donc consacré un long moment de sa conférence de presse à traiter de sujets de société, faute de pouvoir aborder sérieusement les grandes préoccupations des Français, car, le ministre de l’Économie l’a rappelé, les caisses de l’état sont vides. Pour que la France reste la France, et pourquoi pas « great again » façon Donald Trump, l’ennemi doit être identifié, et ce sont les écrans, pervertissant notre belle jeunesse, qui sont les principaux responsables de notre déclin. C’est l’intuition du chef de l’état, mais comme il subodore que leur limitation ou leur interdiction sera difficile, il convoque un comité de scientifiques pour valider de façon irréfutable ce qu’il pense.
Le comité ne manquera pas de confirmer le diagnostic, mais il y a un os. Comment faire baisser drastiquement le temps passé devant les écrans sans une démarche volontaire des principaux intéressés ? Voilà belle lurette que la nounou télévisuelle a droit de cité dans la plupart des foyers et qu’elle rend un tel service pour la tranquillité des parents qu’il sera difficile de s’en passer, bien qu’elle soit maintenant concurrencée par le smartphone des parents, que les bambins manipulent désormais avec aisance, et qu’ils réclament au premier signe d’ennui. Si le Président obtient l’assentiment apparent des familles, il restera la difficulté de faire appliquer des mesures impliquant que l’état s’immisce dans les foyers pour régenter les pratiques personnelles, ce qui est loin d’être gagné. Emmanuel Macron aurait-il oublié l’esprit frondeur des irréductibles Gaulois, par Toutatis ?