La beau gosse attitude

Vous avez remarqué ? Les hommes politiques français sont de plus en plus jeunes. Je dis bien les hommes, non pas au sens générique d’êtres humains, mais bien en qualité de personnes de sexe masculin, tant il est vrai que ce sont encore et toujours des « mâles » qui dominent la sphère politique, si ce n’est numériquement, car les choses commencent à changer et des femmes s’engagent plus souvent lorsqu’on leur en laisse la possibilité, mais qualitativement, dans l’accès aux postes les plus prestigieux. Au moment où s’ouvre le concours traditionnel de Miss France, va-t-on assister à une transposition symbolique dans le domaine politique d’une compétition essentiellement basée sur des critères physiques ?

La fulgurante ascension d’un Jordan Bardella par exemple me parait symptomatique de cet état d’esprit. J’en veux pour preuve ce reportage récent où le président du Rassemblement national, tête de liste de son parti aux élections européennes et se déclarant ouvertement candidat à un poste de Premier ministre de cohabitation à l’âge canonique de 28 ans, était filmé distribuant les selfies au marché de Noël de Strasbourg comme une rock star à un public acquis d’avance à sa cause. Une de ses admiratrices se déclarait même émue jusqu’aux larmes, me rappelant une séquence mythique où une très jeune fille sanglotait de joie parce que son idole lui avait touché la main ! Du côté gouvernemental, c’est un ministre à peine plus âgé, Gabriel Attal, chargé de l’éducation, qui vole la vedette à 34 ans à tous ses collègues plus âgés, y compris Bruno Le Maire, 54 ans, et fait passer le président Macron lui-même pour un barbon à seulement 45 ans.

Avant de déclarer obsolète la génération des quadras et des quinquas avant même qu’elle ait eu l’occasion d’accéder aux plus hautes responsabilités de l’état, il convient de regarder les cotes de popularité les plus récentes pour constater que le champion des sondages, Édouard Philippe, continue de caracoler en tête avec, à 53 ans, 40 % d’opinions favorables, un score qu’il n’aurait sans doute pas conservé s’il était resté Premier ministre. La remarque vaut pour la deuxième du classement, Marine Le Pen, avec 36 % de partisans et un âge de 55 ans. À ce jeu-là, Gabriel Attal, troisième du classement, qui a déjà gagné 11 points par rapport au précédent sondage, pourrait coiffer tout le monde au poteau, devançant légèrement Jordan Bardella, actuel quatrième. Ce qui me gêne dans cette forme de compétition basée sur le physique, ce concours au poste de meilleur gendre idéal dont a profité en son temps l’actuel président, c’est que la question de l’âge et de l’apparence fait complètement oublier le débat d’idées. Un duel Attal Bardella, censé incarner le renouvellement, me parait véhiculer les mêmes valeurs du passé, néfastes pour les Français, qui n’ont rien à y gagner. Le prochain slogan de campagne sera-t-il : « soit beau et tais-toi ? »

Commentaires  

#1 jacotte86 16-12-2023 11:51
on en a aussi oublié le niveau de compétences qui je le crois ne peut que s'enrichir avec l'expérience... Gabriel Attal portait des couches il n'y a pas très longtemps et il dort peut être encore avec son doudou et compte les dodos avant les présidentiels
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