Et le combat cessa faute de combattants
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 15 novembre 2023 11:05
- Écrit par Claude Séné
C’est la conclusion de la longue tirade de Don Rodrigue dans le Cid de Pierre Corneille, où il raconte la bataille qui l’a opposé aux Maures. Un combat dont il sort vainqueur, mais exsangue comme un certain Pyrrhus en d’autres temps et d’autres lieux. On se demande si les hostilités entre l’armée israélienne et les militants du Hamas ne vont pas perdurer elles aussi jusqu’à épuisement des parties en présence, avec une différence de taille, celle des populations civiles, prises en tenaille entre le marteau et l’enclume, qui paient le plus lourd tribut à la guerre.
Comme de coutume en pareil cas, les belligérants se renvoient la responsabilité des nombreuses victimes civiles qui frappent la population. Les bombardements massifs n’épargnent même pas les hôpitaux, accusés d’abriter les combattants palestiniens et de servir de base arrière au Hamas pour ses opérations militaires. L’expression la plus utilisée côté israélien est celle de boucliers humains, ou de population prise en otage. Lorsque la tension sera retombée, et l’on espère que ce sera le plus vite possible, des observateurs indépendants pourront démêler les parts de propagande dans les déclarations des belligérants avec des affirmations difficiles à évaluer. De la même façon, il semblerait que des négociations discrètes ont commencé sous l’égide du Qatar pour obtenir la libération des otages israéliens encore détenus par le Hamas. Si c’est le cas, on comprend mal la stratégie des dirigeants au pouvoir en Israël. Ils auraient les mains beaucoup plus libres en accédant aux demandes, probablement une libération des prisonniers palestiniens encore détenus par l’état hébreu, et qu’ils finiront sans doute par accepter.
Si l’on transpose la situation à un contexte de prise d’otage dans une banque par exemple, ce serait comme si le négociateur du Raid décidait de faire sauter tout l’établissement pour mettre les ravisseurs hors d’état de nuire, en sacrifiant délibérément les employés, sans même tenter un quelconque échange, ou de passer un marché pour sauvegarder des vies, au nom d’un principe qui voudrait que l’on ne négocie pas avec des preneurs d’otages. D’ailleurs, certaines voix se font entendre, y compris en France, pour conditionner l’ouverture de pourparlers en vue d’un cessez-le-feu à la libération immédiate et sans contreparties des personnes encore retenues. Une position irréaliste destinée à justifier l’absence de négociations. D’ailleurs, les familles qui vivent dans l’angoisse depuis le 7 octobre ont commencé à manifester leur colère à l’égard des autorités. Paradoxalement, c’est Israël qui a été attaqué de façon barbare ce jour-là, et c’est lui, par une politique de représailles aveugles, qui se retrouve au banc des accusés, et c’est malheureusement justifié. S’il fait peu de doute que le Hamas tente de s’abriter dans des locaux dépendant plus ou moins des structures hospitalières, l’image de tanks pointant leurs canons sur des hôpitaux est et restera dévastatrice.
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