L’enfer fiscal
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 13 août 2015 10:58
- Écrit par Claude Séné
Les cheveux m’en sont dressés sur la tête, comme le fameux « je frémis en le racontant » de Virgile dans l’Énéide, à la lecture de la description apocalyptique de la situation horrible des riches dans notre beau pays, la France. L’article, paru dans le Point hier, dresse un tableau dramatique des pauvres riches, accablés par les impôts de toutes sortes, dont on ne s’étonne pas qu’ils fuient en masse vers l’étranger, quel qu’il soit, avec une certaine préférence pour les paradis fiscaux. En première ligne, l’impôt sur le revenu des personnes physiques.
Dans l’évangile du Point selon saint Jean Nouailhac qui se présente comme journaliste et entrepreneur, nous apprenons que 1 % des contribuables les plus aisés payent 30 % de l’IRPP. Faut-il que Bercy soit ingénieux pour en tirer autant quand on sait que les plus malins, ou les plus filous comme les Balkany, ne paient presque rien. Vient naturellement ensuite l’impôt sur la fortune, jugé confiscatoire, qui pousserait un nombre croissant de fortunés à quitter la France. Le Point fait état de 714 ménages en 2013 contre 587 en 2012, soit une augmentation massive de 22 %. L’article omet simplement de rapporter ces chiffres au total des assujettis, environ 300 000 pour l’année 2013, préférant mettre l’accent sur le patrimoine moyen des exilés : plus de 6 millions d’euros.
Si l’on regarde le verre à moitié plein, on peut se féliciter que l’immense majorité des ménages qui gagnent bien leur vie et qui possèdent un patrimoine le plus souvent immobilier, s’acquittent de leurs contributions. On a même observé le retour de certains Français qui ont bénéficié de l’amnistie fiscale en payant leurs arriérés, mais en évitant les pénalités. Du côté du verre à moitié vide, on observera naturellement les disparités qui ont tendance à s’aggraver entre les familles les plus pauvres et les plus aisées, dont certaines ont le culot de s’offusquer de la baisse de quelques euros des prestations familiales.
Quant à vouloir retenir à tout prix ces candidats à l’exil, c’est peine perdue. Toute surenchère dans les avantages consentis aux plus riches est vouée à l’échec en regard du dumping fiscal de certains pays, y compris nos voisins. Ne parlons même pas de patriotisme ou de bons sentiments. Mais ne dit-on pas « heureux comme Dieu en France » ? Surtout si ce dieu est aisé.