Brebis galeuses

L’accident s’est produit le jeudi 13 avril dernier, mais ce n’est qu’une semaine plus tard que le public a eu connaissance des faits, que je vous résume. Il s’agit de trois adolescents circulant sur un scooter de location, conduit par une jeune fille de 17 ans, qui a été percuté par une voiture de police dans le 20e arrondissement de Paris. J’emploie à dessein le mode indicatif et non pas le conditionnel, parce que cette version apportée par les familles et l’avocat des victimes est confirmée par quatre témoins qui ont vu la scène. Leur témoignage est accablant pour les policiers.

Selon la police, la conductrice ayant refusé d’obtempérer à leur injonction de s’arrêter pour une vérification et ayant pris la fuite, elle aurait perdu toute seule le contrôle du scooter, entrainant la chute du deux roues. Les témoins, eux, confirment la version des familles selon laquelle les policiers ont volontairement fait chuter les adolescents pour les forcer à s’arrêter. Une plainte pour « tentative d’assassinat par personne dépositaire de l’autorité publique » a d’ailleurs été déposée. De nombreuses irrégularités ont aussi été constatées. Un des passagers du scooter, âgé de 14 ans, a été menotté et placé en garde à vue immédiatement, alors qu’il était blessé et qu’il demandait à voir sa maman, qui ne sera prévenue que dans la nuit et par l’hôpital. La police n’a pas avisé non plus la famille de la conductrice, gravement blessée et qui n’est toujours pas tirée d’affaire. Pire, les autorités ont tenté de dissuader les familles de s’adresser à l’IGPN et un témoin a été sommé d’effacer les vidéos dont il disposait sur son téléphone. Précision importante : aucun des adolescents n’était connu des services de police. Leur seul tort a été de circuler à trois sur un véhicule prévu pour deux personnes au maximum et se sachant en infraction, d’avoir paniqué et mal réagi en s’enfuyant. Rien qui justifie des méthodes de cow-boy inspirées des pratiques américaines de la pire espèce comme on peut en voir dans les séries policières.

J’ai intitulé cette chronique « brebis galeuses », parce qu’à l’évidence, et sous réserve de l’enquête qui devrait apporter des certitudes, les policiers en question ont commis des fautes professionnelles qui doivent être sanctionnées. Toute la question est de savoir si ces violences sont des cas isolés, ou le résultat d’une défaillance d’organisation des services, donc, en premier chef du ministre de l’Intérieur, qui multiplie les prises de position de solidarité avec les policiers, quels que soient leurs agissements, à des fins électoralistes. Un petit indice montre que l’ensemble du dispositif de maintien de l’ordre ne fonctionne pas au mieux : la directrice de l’IGPN, Agnès Thibault-Lecuivre, va devoir proposer des sanctions administratives au préfet de police de Paris, seul habilité à les prendre, à l’encontre des membres de la BRAV-M, enregistrés à leur insu, tenant des propos menaçants inadmissibles envers des manifestants.

Commentaires  

#1 jacotte86 21-04-2023 11:23
tant que le ministre de l'intérieur les soutiendra certains policiers se croiront de plus en plus intouchables et multiplieront des actes inacceptables... quand on pense qu'il se rêve premier ministre on tremble!!!
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