Histoire de pommes
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 17 novembre 2022 11:23
- Écrit par Claude Séné
Vous l’avez remarqué, il devient de plus en plus difficile de trouver de simples pommes « à l’ancienne ». Les rayons de supermarché sont remplis de variétés dont je n’avais jamais entendu parler dans mon enfance, où le comble de l’exotisme en la matière consistait en l’importation de Granny Smith qui nous paraissaient déjà bien différentes des fruits locaux. Sur les étals, on trouve désormais une infinité d’espèces, souvent issues de croisements, telles que Gala, Elstar ou Pink Lady. Les fruits sont magnifiques visuellement : calibrés, la peau brillante, les couleurs vives. Mais je ne retrouve pas en les croquant les sensations des dégustations d’antan.
À mon grand regret, le pommier qui ornait mon jardin bien avant que j’acquière la maison où je réside a fini par dépérir et mourir de mort naturelle. Me privant ainsi d’une récolte, qui, sans être miraculeuse, me permettait d’atteindre le mois de janvier suivant sans encombre. Alors, oui, ces pommes étaient de toutes tailles, et certaines étaient « moches », irrégulières. Leurs taux de sucre et d’acidité n’étaient pas forcément constants, mais leur goût était sans pareil, qu’elles soient dégustées au couteau, ou juste cuites, nature, en garniture. La pomme est le fruit par excellence puisque le mot latin pomum désigne tous les fruits à noyaux ou à pépins. Elle est également connue sous l’appellation Malus, qui pourrait expliquer l’interprétation du fruit défendu, qui pousse sur l’arbre de la connaissance, et que Adam et Ève, sous l’impulsion du diable ont parait-il goûté dans le jardin d’éden, entraînant le péché originel. Curieusement, malgré la multiplication des espèces, le goût s’est uniformisé, et il est difficile de retrouver leur saveur originelle, y compris en privilégiant les circuits courts. Les vergers industrialisés font appel aux traitements et à l’irrigation, si bien que l’on finit par ne plus savoir ce que l’on mange.
Il existe heureusement quelques conservatoires des espèces qui répertorient les fruits avant qu’ils ne disparaissent et qui préservent leur authenticité. Leurs cultures sont naturellement exemptes des pesticides et des engrais qui envahissent la plupart des vergers. Ce qui veut dire qu’il redevient possible de les manger avec leur peau, où se concentre une bonne partie des vitamines et des minéraux. Car en plus d’être une source de plaisir gustatif, un élément intéressant dans le cadre d’une alimentation équilibrée, les pommes, comme les fruits en général, sont un bienfait pour la santé. Au point que l’on a pu dire, à juste titre, que « manger une pomme tous les jours éloignait le médecin ». On peut toutefois nuancer cette affirmation, en ajoutant, comme Winston Churchill, « à condition de bien viser ! » J’ai tendance à le croire, car un homme qui explique sa longévité par l’absence régulière de toute forme de sport ne peut pas être foncièrement mauvais.
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