Les charognards
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 19 octobre 2022 10:58
- Écrit par Claude Séné
L’assassinat dans des circonstances atroces de la petite Lola dans l’Est parisien a bouleversé l’opinion à juste titre. Alors que les premiers éléments de l’enquête commencent à peine à être connus, une partie de la classe politique s’est emparée de ce fait divers pour en faire un sujet de polémique et de propagande, au mépris de la douleur de la famille et des proches de la victime. Quand il s’agit de l’extrême droite incarnée par le rassemblement national de Marine Le Pen ou reconquête d’Éric Zemmour, on ne peut pas dire que ce soit vraiment une surprise. C’est plus étonnant de voir des personnalités de ce qu’il est convenu d’appeler la droite républicaine leur emboîter le pas ou même pratiquer la surenchère démagogique.
La principale suspecte, arrêtée après ce crime odieux se trouve être une ressortissante algérienne, qui a fait l’objet d’une obligation de quitter le territoire français après l’expiration de son visa. Dans l’état actuel de l’enquête, rien ne permet de faire un lien entre cette situation administrative ou la nationalité de l’autrice présumée des faits, et un quelconque mobile, qui reste pour l’instant plutôt mystérieux. Il se pourrait même que cette personne, qui semble avoir des antécédents psychiatriques, soit déclarée irresponsable ou que son jugement ait été altéré par une maladie mentale. La piste terroriste est semble-t-il écartée. Le RN a accusé le gouvernement de laxisme et énoncé une lapalissade en observant que si les étrangers n’étaient pas tolérés sur notre territoire, ils ne risqueraient pas d’y commettre des crimes ou des délits. Le parti lepéniste semble renouer avec ses origines fondées sur l’intolérance et le racisme. Même observation pour Éric Zemmour qui tente le néologisme de « francocide » pour nourrir la haine des étrangers, sans grand succès pour le moment, alors qu’il voudrait sortir des oubliettes où l’Histoire l’a relégué fort à propos.
Mais quelle mouche a donc piqué Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains au Sénat, que l’on a connu plus inspiré, de tenter de récupérer l’émotion légitime autour de cette affaire en se défendant par avance des accusations d’amalgame qui ne manqueraient pas de le viser ? La campagne interne pour la présidence de son parti y serait-elle pour quelque chose, ou c’est moi qui pratique l’amalgame ? Et l’inénarrable Nadine Morano, ancienne ministre de Nicolas Sarkozy, et encore députée européenne, aura beau s’égosiller, son bilan de cette époque n’est guère différent de celui qu’elle reproche au gouvernement actuel. De nos jours comme naguère, seuls 20 % environ des OQTF sont suivies d’effet, car les pays d’origine ne reprennent que difficilement leurs ressortissants, et ils réclament plus de visas, délivrés au compte-goutte. La France a toujours été une terre d’accueil, volontaire ou non, et elle se doit de le faire dans des conditions dignes, malgré les tentations de repli sur soi.