Un monde de brutes
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 17 octobre 2022 10:32
- Écrit par Claude Séné
Pendant longtemps, j’ai considéré que la province en général, et notamment l’ouest de la France, où je réside, était relativement épargnée par les violences, souvent qualifiées d’urbaines. En effet, mis à part quelques quartiers « chauds » dans les grandes villes, la délinquance restait circonscrite et pour ainsi dire, discrète. Les bandes rivales se livraient parfois à des expéditions punitives ou à des luttes pour le contrôle d’un quartier ou la défense de leurs territoires, mais dans l’ensemble il régnait une forme d’ordre, que l’on pourrait être amené à regretter. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Chaque jour voit se passer un fait-divers et même les centres-ville ne sont plus à l’abri.
L’évolution d’une ville comme Nantes est symptomatique de cette évolution. Il y a encore quelques années, on pouvait identifier quelques quartiers tels que les cités des Dervallières ou de Bellevue principalement, où les « voyous » tenaient le haut du pavé. Pour avoir travaillé dans ces zones d’éducation prioritaire, je peux témoigner que mis à part deux tentatives de vol à la roulotte sur mon véhicule personnel, qu’il fallait bien garer à proximité des écoles où j’intervenais, je ne me suis jamais senti en insécurité ni n’ai craint pour mon intégrité physique. Ce ne serait peut-être plus le cas maintenant. J’entends d’ici le discours sécuritaire qui ne manquerait pas de se faire jour si l’opposition à la coalition municipale de gauche tombait sur ces lignes. La seule réponse consiste généralement en deux mesures, aussi inefficaces l’une que l’autre, la création ou le renforcement d’une police municipale, armée, de préférence, et l’installation massive de caméras de vidéosurveillance. Le modèle en étant la ville de Nice, qui propose de le généraliser dans toutes les villes de France, bien que la délinquance n’ait en rien diminué grâce à cette politique coûteuse voulue par Christian Estrosi.
La fuite en avant souhaitée par les tenants d’une droite autoritaire, non seulement ne donne pas de solution, mais a tendance à amplifier le problème. L’augmentation exponentielle des cas de « refus d’obtempérer », malgré une tolérance plus grande aux ripostes des policiers, qui ont fait 11 victimes depuis le début de l’année, démontre que la dissuasion ne fonctionne pas. Pas plus que la peine de mort, dans les pays où elle est encore en vigueur, n’empêche les criminels potentiels de passer à l’acte. Il en va de même pour la revendication permanente d’augmenter le nombre de places en prison. Toutes les études montrent que plus il y a de places disponibles, plus il y a de prisonniers, sans que la sécurité en soit particulièrement améliorée, alors que les peines alternatives, qui coûtent moins cher à la collectivité, sont plus efficaces dans la prévention de la récidive, qui devrait être l’objectif principal de la politique pénale. On attend toujours quelques grammes de finesse au gouvernement.
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