Poutine : le baroud d’horreur ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 13 octobre 2022 10:31
- Écrit par Claude Séné
Le président russe l’a annoncé lui-même. Il ne pouvait pas laisser sans réponse la destruction partielle de « son pont » reliant directement la Crimée annexée illégalement et la Russie, acheminant une grande partie des forces d’invasion vers le sud de l’Ukraine et en assurant l’intendance. La riposte a donc été de déverser un déluge de bombes et de missiles sur les grandes villes, en prétextant la destruction d’infrastructures militaires, alors que la cible réelle est la population civile et l’opinion intérieure russe. Les uns pour tenter de les terroriser et de briser leur moral, les autres pour les convaincre que le chef est toujours à la manœuvre et qu’il a la situation bien en main.
Le résultat le plus visible de ce changement de stratégie, c’est le renforcement demandé par l’Ukraine, et qui a déjà commencé, de ses défenses antiaériennes, que ce soit sous forme de radars ou de missiles, pour contrer ces nouvelles attaques. En creux, Wladimir Poutine reconnait implicitement que son armée n’a pas la capacité de repousser la contre-offensive ukrainienne par des moyens terrestres. Il continue à céder du terrain dans les provinces conquises dernièrement, dont les frontières sont encore très fluctuantes. Par ailleurs, si les bombardements ont été massifs le premier jour, ils ont tendance à décliner, car il apparaît que les stocks de missiles sont en train de s’épuiser, et ne peuvent pas être remplacés au rythme où ils ont été employés jusque-là. Les services de renseignement ukrainiens auraient trouvé des puces de machines à laver dans des missiles non explosés, car les composants électroniques viennent à manquer et empêchent la Russie de fabriquer autant d’armes qu’elle le souhaiterait.
Wladimir Poutine semble bien être dans une impasse et cherche à gagner du temps pour attendre l’hiver et l’arrêt forcé des combats terrestres. Il espère pouvoir reconstituer des forces, en hommes comme en munitions, et imposer de nouveau sa loi, en négociant éventuellement une paix, mais à ses conditions. Ni le président Zelenski ni la population ukrainienne ne sont prêts à faire des concessions territoriales après avoir résisté victorieusement à l’offensive russe. De son côté, Poutine a encore la main sur le clan qui le soutient. Il vient d’en faire la démonstration en limogeant des membres de l’armée rendus responsables de ses propres erreurs. Il parait assez improbable que la situation se dénoue à brève échéance grâce à une révolution de palais, mais Poutine est actuellement le principal obstacle à une résolution pacifique du conflit. L’assemblée générale de l’ONU a condamné largement l’agression de l’Ukraine par la Russie, mais beaucoup de pays se sont réfugiés dans l’abstention, à commencer par le plus puissant d’entre eux : la Chine. Sans parler de la position ambigüe d’Emmanuel Macron, qui persiste à vouloir apparaître à tout prix comme le sauveur de la paix.