La guerre c’est moche
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 8 août 2022 10:40
- Écrit par Claude Séné
On aura beau dire, on aura beau faire, la guerre, c’est forcément moche. Des gens meurent ou sont blessés, des soldats, bien sûr, mais aussi des populations civiles, et c’est à peu près inévitable. Alors il faut à tout prix que le sang, et donc la faute, retombe sur la tête de l’adversaire, d’une manière ou d’une autre. S’il est vraiment impossible d’accuser le camp adverse, il faudra justifier les sacrifices au nom d’une cause supérieure, d’une fin qui justifie les moyens. Aux temps jadis, la religion était appelée à la rescousse, notamment par l’organisation de croisades destinées à occuper des lieux considérés comme sacrés.
Les clergés étaient priés de bénir les combattants, qui partaient joyeux pour les convaincus, ou par appât du gain pour les mercenaires, pour des guerres de religion où ils mouraient en masse, mais chaque Dieu reconnaissait les siens. De nos jours, chaque belligérant s’efforce de convaincre l’opinion publique que sa guerre est juste, comme on a pu le voir récemment avec un rapport d’Amnesty International au sujet de la guerre d’invasion de l’Ukraine par la Russie, où l’association semble donner raison à l’agresseur en dénonçant une mise en péril des populations civiles ukrainiennes servant de bouclier humain. Ce rapport est évidemment inacceptable pour les dirigeants ukrainiens et a servi la propagande russe. Les deux camps s’accusent mutuellement à chaque occasion, car la guerre s’étend à l’information. Il n’y a pas non plus de nuances dans le conflit israélo-palestinien qui connait de nouveaux soubresauts dans la bande de Gaza en ce moment. Les représailles mutuelles sont sans fin et les populations civiles en font les frais, de chaque côté de la frontière. Même si le fragile cessez-le-feu proposé par l’Égypte arrive à se mettre en place, on sait parfaitement que la seule solution durable, celle de deux états, est très éloignée des préoccupations d’Israël, qui continue à préférer les territoires à la paix et a donc besoin de diaboliser son adversaire.
Alors, ce n’est pas la guerre entre la République populaire de Chine et Taïwan, mais cela ressemble beaucoup à une paix armée et la situation est tout aussi inextricable que celle du Proche-Orient. Taïwan n’est pas un pays complètement indépendant aux yeux de la communauté internationale, mais son statut de démocratie libre des contraintes de la Chine est plus ou moins reconnu et garanti par les États-Unis, qui pourraient s’opposer militairement à une conquête de l’île par l’armée populaire chinoise. C’est donc dans une poudrière que Nancy Pelosi s’est rendue il y a peu, déclenchant des représailles de Pékin sous la forme de manœuvres militaires menaçantes autour de Taïwan. L’imbroglio diplomatique qui en résulte est une forme d’escalade dans des relations déjà compliquées, qui s’ajoute à la question du Tibet, celle des Ouïghours et les droits de l’homme en général. Chacun jugera qui sont les méchants et les gentils.