Irréprochable

C’est par ce qualificatif que les avocats de Patrick Balkany ont accueilli la décision de la Cour d’appel de Paris d’accorder une nouvelle libération conditionnelle à l’ancien maire de Levallois-Perret, alors qu’il avait dû retourner en prison pour de nombreux manquements à ses obligations du port d’un bracelet électronique, ainsi que son épouse, Isabelle Balkany, elle aussi libérée provisoirement pour raisons de santé. Selon ses avocats, Patrick Balkany bénéficierait ainsi de la règle commune réservée à des condamnés ayant effectué les deux tiers de leur peine, dont l’âge et l’état de santé ne justifient pas un maintien en détention.

Nous comprenons donc que c’est la décision judiciaire qui est irréprochable, pas l’homme qui s’est toujours placé au-dessus des lois, ou à côté. Dans sa grande sagesse, la Cour d’appel a renoncé à l’obligation du bracelet électronique, une contrainte visiblement trop difficile à tenir pour ce rebelle dans l’âme. Il lui sera cependant demandé « une bonne conduite générale » et il devra rembourser la dette fiscale pour laquelle il a été condamné, ce qui est bien le moins, bien qu’il prétende ne pas pouvoir payer plus que quelques milliers d’euros alors qu’il doit plus de 12 millions au fisc. Il sera également soumis à un contrôle judiciaire et devra se présenter à toutes les convocations de la justice, ce qui ne saurait tarder puisque le couple Balkany sera fixé sur sa peine dans l’affaire de blanchiment aggravé de fraude fiscale en octobre prochain.

Une chose est sûre, Patrick Balkany est sorti amaigri et en petite forme de ce nouveau séjour en détention. Il a déclaré que c’était très dur, que la prison était un enfer. On veut bien le croire. C’est même l’essentiel de la mission confiée au personnel pénitentiaire, en dehors de l’aspect, mise à l’écart des criminels dangereux pour protéger la société, que de dissuader les délinquants de persévérer dans leurs comportements criminels. Et encore faut-il souligner que les quartiers VIP des centres pénitentiaires ne sont pas les plus pénibles, et que les personnalités y bénéficient d’un régime aménagé. Ce n’est évidemment pas le lieu où l’on rêve de prendre ses vacances. Je reviens sur le caractère « irréprochable » mis en avant par les avocats de Patrick Balkany, pour préciser que la décision est irréprochable « en droit ». Ce qui sous-entend qu’elle pourrait être critiquable sur un autre plan. Ne serait-ce pas qu’elle est moralement choquante ? Il est assez rare que la justice accorde une deuxième chance à une personne qui n’a pas voulu saisir la première. Si Patrick Balkany a réussi sa campagne judiciaire, il n’aura pas convaincu de sa bonne foi l’opinion publique qui a épuisé ses réserves de pitié et d’indulgence à l’égard de personnages ayant largement profité du système, s’étant enrichis sur le dos des contribuables, et qui refusent maintenant de payer l’addition.