La fonction crée l’arrogance
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 4 août 2022 10:17
- Écrit par Claude Séné
Et cela d’autant plus que le sujet y est prédestiné. Les exemples ne manquent pas, à commencer par le président lui-même, qui a toujours eu une haute idée de ses capacités et n’a jamais reculé devant la moindre autosatisfaction, n’hésitant jamais à se congratuler quand les éloges extérieurs risquaient de faire défaut. J’ai donc été assez peu surpris d’entendre le tout nouveau ministre de la Santé, en poste depuis un mois, affirmer sans sourciller qu’aucun service d’urgence n’avait fermé en France, au cours d’un déplacement en Loire-Atlantique, département dans lequel se trouve la ville d’Ancenis, à 40 km de Nantes, dont les urgences seront désormais inaccessibles la nuit.
Et ce n’est pas un cas isolé. Une soixantaine de services sont ainsi menacés de fermeture partielle et au moins autant font face à des difficultés liées au manque de personnel, et donc de lits disponibles, pour faire face à la demande. Environ 20 % des établissements sont concernés, y compris parmi les plus gros services. La situation, déjà catastrophique avant l’été, s’est aggravée avec l’afflux de touristes dans les zones littorales notamment. Aux urgences de Saint-Nazaire par exemple, il a fallu pousser les murs et réquisitionner la salle d’attente réservée aux familles pour y caser les brancards en attente d’examens. Les patients et les accompagnants ont dû s’installer à l’extérieur avant d’être pris en charge. Cela n’a pas empêché François Braun de prétendre que les services d’urgence allaient fonctionner beaucoup mieux qu’avant. Il faut dire que son dada c’est de dissuader les patients de se rendre directement à l’hôpital et de les obliger à passer par le centre 15, ou le médecin de famille, ou le Samu, en rajoutant une étape, synonyme de perte de chances dans certains cas.
On pourrait croire que François Braun connait son affaire, étant lui-même médecin urgentiste, et président jusqu’à sa nomination d’un syndicat professionnel, Samu-Urgences de France. Son poste y est d’ailleurs resté vacant, signe peut-être qu’il est irremplaçable, ou l’inverse. Ses prises de position en faveur d’un hôpital soumis aux règles du libéralisme lui ont valu de se voir confier une mission puis d’être nommé ministre aux ordres du Président, mais il est loin de faire l’unanimité. Patrick Pelloux, par exemple, lui aussi urgentiste et très médiatique, défend des urgences restant accessibles et dotées des moyens nécessaires. La question des urgences est particulièrement sensible parce qu’elle est le signe le plus visible d’une crise profonde qui touche tous les domaines de la santé. Le « Ségur » de la santé n’a pas réglé les questions et loin de là. Le manque de moyens est criant et l’on ne peut pas faire confiance à un ministre qui ment sciemment sur ce sujet et qui joue sur les mots, sans tenir compte du fait qu’il joue ainsi avec la vie de ses concitoyens.
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