Tarte à la crème
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 2 juin 2022 11:23
- Écrit par Claude Séné
Je profite d’un léger fléchissement dans l’actualité trépidante et notamment dans la campagne électorale qui bat son plein incognito, pour revenir sur un évènement passé un peu inaperçu à la faveur du seul et unique « pont » du mois de mai, lié au jeudi de l’ascension, l’épisode de l’entartage de la Joconde dimanche dernier. Petit rappel des faits, si vous avez opté pour une rentrée tardive en vue d’éviter les embouteillages du retour des Parisiens. Un homme, déguisé en vieille femme dans un fauteuil roulant, a brusquement tenté de jeter une tarte à la crème sur le célèbre portrait de la Joconde au Louvre.
La vitre de protection du tableau le plus connu au monde ayant résisté au choc, la tarte n’a fait aucun dommage à la toile et les agents de sécurité ont maitrisé l’auteur de cet « attentat pâtissier ». Un simple coup d’éponge aura raison des traces de crème en bas de l’œuvre. Là où ça devient intéressant, c’est la déclaration de l’auteur des faits, un jeune homme d’une trentaine d’années qui explique son geste par la défense de la planète, que « des gens » sont en train de détruire. « Pensez à la Terre », nous dit-il, et spécialement les artistes. Nous n’avons malheureusement pas d’autre explication à ce jour qui permettrait d’établir le lien entre une œuvre d’art peinte il y a plus de 5 siècles et la détérioration avérée des conditions de vie sur notre seule et unique planète, que nous allons léguer aux générations futures. Et encore, là, j’extrapole, car la scène n’a duré que quelques secondes, avant que le jeune homme soit exfiltré.
Bien que l’identité et les antécédents de l’auteur soient inconnus, il semble qu’il ait été admis, à tout hasard, à l’infirmerie psychiatrique de la préfecture de police. Il ne parait pourtant pas nécessaire d’être fou pour s’en prendre à la Joconde, qui a déjà été visée par une tasse de thé, un spray de couleur rouge et une pierre, sans plus de succès que de faire parler de soi, tout comme cet artiste espagnol qui a posé nu en 2018 devant Mona Lisa avant d’être évacué manu militari. On ne sait pas si le geste de ce nouvel agitateur permettra de sauver la planète ni combien d’artistes décideront de consacrer leur œuvre à la limitation du réchauffement climatique, mais il a déjà réussi à capter l’attention des médias pour un moment, le quart d’heure de célébrité cher à Andy Warhol, et c’est peut-être suffisant pour lui. J’ai omis un détail qui peut avoir son importance. Après son geste, l’homme a lancé des pétales de roses rouges en l’air, ce qui en langage des fleurs symbolise la passion, mais peut aussi évoquer une notion malheureusement disparue, celle du « flower power ».