Une affaire peut en cacher une autre

Et même plusieurs autres. Celle-ci apparait tout d’abord comme un banal conflit d’investiture en vue des prochaines législatives de juin 2022. Fabien Roussel, au nom du parti communiste français, qui s’est prononcé pour l’alliance des forces de gauche, la NUPES, suggère que le candidat désigné par la France Insoumise, Taha Bouhafs, dans la 14e circonscription du Rhône soit remplacé par la maire communiste de Vénissieux. La raison officielle en est que le journaliste insoumis a été condamné l’an dernier pour injure publique à caractère raciste après avoir traité une syndicaliste policière « d’Arabe de service ».

Une erreur en effet, surtout quand elle vient d’une personne qui subit elle-même des attaques racistes de la part de l’extrême-droite, mais l’affaire est en appel et il y a eu des précédents de candidatures de la part de mis en examen. Alors que le parti de Jean-Luc Mélenchon s’apprêtait probablement à retirer la candidature de Taha Bouhafs dans un souci d’apaisement, tout en conservant son soutien de principe à son militant, victime d’une campagne de dénigrement sur les réseaux sociaux aux relents nauséabonds de racisme, une plainte a été déposée devant une commission interne de LFI pour des violences sexuelles. C’est le coup de grâce pour Taha Bouhafs, qui a retiré de lui-même sa candidature, tout en niant les accusations dont il fait l’objet. La députée insoumise, Clémentine Autain, bien connue pour ses prises de position en faveur des victimes de violences sexuelles, mais aussi pour son combat antiraciste, également destinataire de la plainte envoyée par ces femmes apparemment membres de la France Insoumise, n’a pas caché son embarras devant une situation inédite.

Les plaignantes font en effet jouer la clause de confidentialité pour ne pas être soumises à un feu médiatique tout en obtenant l’ouverture d’une enquête officieuse, sans préjudice du dépôt d’une plainte en bonne et due forme devant la justice. Selon ses convictions, Clémentine Autain, elle-même victime dans le passé, ne peut que soutenir cette démarche, déjà difficile, sans pour autant remplacer le juge judiciaire et en respectant les droits des parties. Le fait que Taha Bouhafs soit lui-même l’objet d’attaques racistes ne saurait l’exonérer d’un comportement inadmissible s’il est avéré, pas plus que son appartenance à un mouvement qui condamne les violences faites aux femmes. Je dirais même, au contraire. J’avoue que j’ai été incrédule quand les premières accusations concernant Dominique Strauss Kahn dans l’affaire du Sofitel ont été révélées. Comme beaucoup, j’ai supposé quelque temps qu’il s’agissait d’un coup monté, une manœuvre pour discréditer celui qui était favori pour l’élection présidentielle, avant de devoir me rendre à l’évidence de la réalité des faits. Quelle qu’en soit l’issue, il est important qu’une enquête rigoureuse soit menée et que les conséquences politiques et éventuellement judiciaires en soient tirées.