La guerre des mondes
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 6 mai 2022 11:22
- Écrit par Claude Séné
Le 30 octobre 1938 était diffusée sur la radio américaine CBS une émission dramatique évoquant l’éventualité d’une invasion de la Terre par des extra-terrestres. Cette fiction, écrite et interprétée par le célèbre Orson Welles d’après le roman d’anticipation de HG Wells, était présentée comme un reportage réel en direct, et aurait provoqué un mouvement de panique chez les auditeurs. Cette histoire, entièrement fictive, est cependant devenue et restée légendaire de la force et de la capacité d’influence de la propagande, ce que nous désignons désormais, sous le nom de « fake news », ou, selon l’ancien président américain, de « vérité alternative ».
C’est ainsi que la télévision russe, sur instruction du pouvoir en place, celui de Vladimir Poutine, s’est fait un malin plaisir de décrire, de façon ultra-réaliste, ce qui pourrait se passer si Moscou décidait de répondre aux « provocations » occidentales en déclenchant le feu nucléaire contre les principales capitales européennes. Selon la chaine russe Rossiya 1, Paris ne serait qu’à 200 secondes d’un tir de missile Satan 2, porteur d’une charge nucléaire capable de détruire la plus grande partie de l’île de France, cependant que Londres quant à lui serait victime d’un tsunami nucléaire, rayant l’ensemble de la Grande-Bretagne de la carte grâce à un projectile sous-marin inarrêtable. Le présentateur de la chaine russe est bien conscient des représailles automatiques qu’encourrait son pays, mais revendique la 3e guerre mondiale, qui serait selon lui déjà engagée.
Ces scénarios catastrophes sont évidemment en premier lieu à usage interne, pour galvaniser les populations et accréditer l’idée que la Russie est la victime et non l’agresseur. Faute de moyens d’information indépendants, cette stratégie est efficace et renforce la popularité de l’autocrate qui dirige le pays. Mais la menace est dirigée également sur les opinions publiques européennes, prises en otage dans cette guerre de l’information, pour les persuader de la réalité de ces intimidations, et là aussi, ça marche. Même si les dirigeants font la part de l’exagération, ils ne peuvent pas écarter totalement l’hypothèse d’un Poutine entraînant le monde dans une apocalypse nucléaire, catastrophique pour l’ensemble des êtres humains. Paradoxalement, ces menaces de Vladimir Poutine poussent ses voisins immédiats de la Finlande et la Suède à sortir de leur neutralité pour rejoindre l’OTAN, ce que la Russie voulait précisément éviter en envahissant l’Ukraine. La seule défense apparemment crédible, c’est de démontrer la détermination des pays visés par la Russie en ne laissant passer aucune des manœuvres agressives sans réponse et en misant sur le reste de pragmatisme de l’autocrate russe pour le forcer à réfréner ses pulsions guerrières. Il ne comprend que la force, c’est un fait, aux Occidentaux de démontrer qu’ils sont prêts à l’utiliser, en aidant les défenseurs ukrainiens pour imposer la paix et le retrait de l’envahisseur.