Encore des mots

Caramels, bonbons et chocolat… encore des mots, toujours des mots, les mêmes mots, chantait Dalida. La fournée de mots nouveaux qui va faire son entrée dans le petit Robert reflète l’évolution de la langue, pour le meilleur et pour le pire. L’entrée dans le dictionnaire est une forme de consécration, un peu comme une récompense à Cannes. Beaucoup d’appelés et peu d’élus, donc. Voilà belle lurette qu’Alain Rey a impulsé le mouvement qui consiste à promouvoir les mots qui ont démontré leur efficacité dans le langage courant.

Il faut donc être pratiqué par un certain nombre de locuteurs pour avoir droit à sa définition dans le dico, et peu importe l’origine. L’ostracisme dont sont victimes les mots anglais au Québec n’a pas cours chez nous. À défaut d’être satisfaisante intellectuellement, cette méthode a le mérite du pragmatisme, et, après tout, le petit Robert n’a pas vocation à remplacer le dictionnaire de l’Académie française. On trouvera donc aussi bien des mots empruntés aux Américains que des mots issus du verlan, forgés de toutes pièces pour servir de marque de reconnaissance entre membres d’une communauté.

Le succès d’un mot m’a toujours fasciné. J’ai oublié quelles expressions j’ai eu l’impression d’inventer avec mes copains à l’adolescence et qui se sont retrouvées à faire florès sans que j’arrive à démêler si nous étions du côté de l’œuf ou celui de la poule. Plus récemment, j’ai observé la montée en puissance du mot doudoune pour désigner un vêtement chaud matelassé. Il a suivi le même destin qu’une marque telle que Frigidaire, qui a supplanté le mot générique de réfrigérateur pour devenir un nom commun. De nos jours, ce serait plutôt le mot doudoune qui pourrait être déposé pour en faire une marque, tant il est utilisé comme désignation de ce type de vêtement dans les catalogues.

La plupart des mots qui font leur entrée n’étaient pas inconnus de mes services, ce qui est logique puisqu’ils sont censés être populaires, à l’exception notable d’une catégorie, celle des termes utilisés en cuisine, où j’ignorais par exemple l’existence du Yuzu, un agrume de l’Asie du Sud-est, ainsi que d’autres recettes exotiques. Il faut dire que je ne regarde pas les émissions culinaires qui ont, parait-il, popularisé ces expressions, pas plus que les téléréalités dont les protagonistes se contentent fort bien des 300 mots de vocabulaire dont ils disposent, sur les 60 000 entrées du petit Robert.

Commentaires  

#2 Claude 19-05-2015 12:18
et moi qui me croyais un joyeux luron accompagné de belles lurettes!
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#1 jacotte2 19-05-2015 12:05
Savez-vous d'où vient la belle lurette? de la metanalyse de belle heurette...c'est joli n'est-ce pas , et cela ne fait pas belle lurette que je le sais,et que vous le saurez aussi comme quoi on ne peut pas tout connaître !
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