Qui veut la peau du vapotage ?

Qui veut noyer son chien, l’accuse de la rage. Depuis que la cigarette électronique est commercialisée, elle fait l’objet d’attaques incessantes de la part de deux lobbies qui pourraient être antagonistes, mais qui se sont réconciliés sur le dos de leur ennemi commun, le vapotage. À force de critiquer les dangers réels ou supposés de cette pratique, ils ont réussi à convaincre une majorité de Français de ses méfaits. Un récent sondage montre en effet que 61 % des personnes interrogées seraient favorables à l’interdiction du vapotage sur les lieux de travail.

À qui profite le crime ? En premier lieu aux cigarettiers, qui voient cette pratique d’un très mauvais œil pour des raisons financières évidentes, bien que leur revenu ne soit écorné que très faiblement par une concurrence encore marginale. Il n’est cependant pas besoin d’être grand clerc pour deviner leur main derrière la publication en début d’année d’une nouvelle « étude » à charge contre la cigarette électronique qui démontrait sa dangerosité dans le cas d’une utilisation intensive impossible à réaliser en dehors des laboratoires qui utilisent des machines pour effectuer les tests. Les chercheurs de Portland négligeaient (sciemment ?) le fait que la surchauffe nécessaire à la formation de formaldéhyde entraînait également une détérioration du goût qui alerterait immanquablement les vapoteurs.

L’autre adversaire résolu de la cigarette électronique, et c’est paradoxal, c’est le ministère de la Santé, qui considère qu’elle inciterait les jeunes à commencer à fumer par le mauvais exemple donné et qu’elle serait l’antichambre de la consommation tabagique. Ce qui revient à se priver d’un outil limitant le danger réel du tabac au nom d’un risque hypothétique. Il est pourtant établi que la cigarette électronique est beaucoup moins nocive que la cigarette traditionnelle, qu’elle peut être un bon moyen de se sevrer si l’on veut arrêter de fumer et qu’elle n’entraîne aucune dépendance physiologique. Il me semble donc que le ministère de la Santé devrait concentrer ses efforts sur la lutte contre le tabagisme. Pour l’instant, le seul levier qui a démontré son efficacité est celui du prix. Comme la plupart des Français, je reste sceptique sur le paquet « neutre » qui n’a jamais été testé seul, sans renchérissement du produit. Mais on ne peut pas relever indéfiniment le tarif sans au minimum une concertation européenne. Le reste n’est que littérature.