Tout est perdu fors l’honneur
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 9 avril 2015 10:27
- Écrit par Claude Séné
Encore faudrait-il s’entendre sur ce sentiment de l’honneur. François 1er (le roi de France, pas le pape) jugeait que son honneur n’était pas altéré par la mort de ses 10 000 soldats parmi lesquels le célèbre Monsieur de La Palice, qui, un quart d’heure avant sa mort, était encore en vie, au siège de Pavie, en 1525. La conception de l’honneur n’est visiblement pas la même entre le sénateur, ancien maire de Tours, Jean Germain, et Jean-Marie Le Pen, président d’honneur du Front national. L’un a mis fin à ses jours, l’autre pas.
Et l’on a bien raison en l’occurrence de dire que ce sont les meilleurs qui partent les premiers. Jean Germain devait comparaitre dans le procès des mariages chinois, où il était soupçonné de favoritisme à l’égard d’une ancienne employée municipale, maitresse de cérémonie de mariages collectifs à Tours pour des Chinois de la classe aisée, qui trouvaient l’idée « tellement » romantique. Il n’était pas accusé d’enrichissement personnel, mais d’avoir permis à l’entreprise de Mme Han de faire illégalement de confortables profits. Des broutilles qui auraient fait rigoler les Balkani.
De son côté, bien que sa fille parle de suicide politique, Jean-Marie Le Pen ne s’est jamais si bien porté. Jean-Jacques Bourdin n’a pas eu à le pousser beaucoup pour qu’il répète sa blague favorite sur les camps de concentration, détail de l’Histoire. Et pour être sûr que le message était bien passé, il a donné une interview à un torchon que l’on croyait disparu, Rivarol, dans laquelle il enfile les horreurs comme des perles de culture, réhabilitant Pétain et attaquant Valls, Hidalgo et Martinez sur leurs origines espagnoles.
C’est dans des moments comme celui-là que l’on suppose que Marine Le Pen doit regretter de ne pas avoir tué le père, comme on dit en psychanalyse. D’abord symboliquement. La présidente du Front national a pris des distances, c’est vrai, avec le fondateur du parti, mais n’est pas allée au bout de sa logique. En lui offrant un strapontin doré de président d’honneur, elle n’imaginait sans doute pas qu’il serait aussi difficile de l’en déboulonner. Qu’un papy pétainiste fasse de la résistance, c’est quand même un comble ! Il ne sera pas facile de l’empêcher d’être candidat aux régionales et presque impossible de l’exclure du parti qu’il a fondé. Contrairement au film de Jamel Debbouze, il faudra sans doute que Marine mange Jean-Marie.