Le bon grain de l’ivraie
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 24 février 2015 10:16
- Écrit par Claude Séné
Je déteste l’idée selon laquelle il faudrait trier dans une communauté pour y pointer les bons et les mauvais. Parce que, inévitablement, à un moment ou à un autre, on en vient à jeter le discrédit sur l’ensemble, qu’on le veuille ou non. C’est comme ça que l’on finit par déclarer, comme le général Sheridan, qu’un bon Indien est un Indien mort. Pourtant, je ne peux pas m’empêcher de comparer les déclarations de Roger Cukierman, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France, avec celles de Sacha Reingewirtz, président des étudiants juifs de France.
Le premier a commencé par délivrer un certificat de bonne vie et mœurs à Marine Le Pen, qui serait « irréprochable » à titre personnel, mais grosso modo mal entourée par des « négationnistes, des vichystes, des pétainistes ». Excusez du peu. Avant de s’en prendre aux jeunes musulmans qui seraient, selon lui, responsables de tous les actes antisémites commis en France. Et ce n’est pas en précisant qu’ils ne sont pas la majorité qu’il va gommer l’impression de les désigner à la vindicte populaire. Il s’étonne après ça que son vieil « ami », le président du Conseil français du culte musulman, prenne la mouche et boude le dîner annuel de son organisation. En distinguant les « bons » musulmans des « mauvais », Roger Cukierman se livre précisément à l’exercice que je dénonce en jetant l’opprobre sur tous les musulmans, consciemment ou non, et me contraint à agir de même avec lui.
D’autant plus que Sacha Reingewirtz, interviewé récemment, se garde bien, lui de toute généralisation abusive et qu’il fait preuve d’une remarquable hauteur de vue, malgré, ou peut-être grâce à son jeune âge. Il se prononce clairement, quant à lui, sur la délicate question de l’aliyah, le départ vers Israël, prôné par Benyamin Netanyahou pour les juifs de France, et dont il relativise l’ampleur. Pour 7000 candidats au départ en 2014, il y a quand même 500 000 personnes environ qui restent. Pour lui, la France n’est pas foncièrement un pays antisémite, même si les violences sont en augmentation. C’est par le dialogue et la connaissance mutuelle que les problèmes doivent se régler. On ne peut que souhaiter que le dirigeant actuel du Crijf passe la main à un successeur plus éclairé, et le plus tôt sera le mieux.