![](/images/breton_assis.png)
La saison du melon
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 19 juin 2019 09:25
- Écrit par Claude Séné
![](/images/breton_assis.png)
Elle a commencé, mais pour certains hommes politiques, elle dure toute l’année. C’est ainsi que je suis tombé par le plus grand des hasards sur un échange, ma foi bien instructif, mais pas pour les raisons qu’imaginaient les protagonistes, entre Luc Ferry, ancien ministre de droite, et Romain Goupil, ancien révolutionnaire et nouveau prosélyte du libéralisme sauce Macron. Sur le plateau de LCI, on ne voyait pas les chaussettes et l’état des chevilles de chacun, mais je peux vous certifier que les têtes rentraient à peine dans le cadre, tant leur ego était hypertrophié.
Du côté de Luc Ferry, l’expression qui revient le plus souvent, c’est : « ça n’a pas de sens ». Comprenez : tout ce qui ne vient pas de moi est insensé, car toute vérité procède de moi. En l’occurrence, il vise le déficit public et prône les économies budgétaires en demandant des coupes claires dans les dépenses publiques. Il se pose en « républicain et gaulliste » alors qu’il défend un libéralisme pur et dur, comme ses amis, y compris Gérald Darmanin passé à l’ennemi avec armes et bagages pour un maroquin ministériel. Mais Luc Ferry « sait ». Il se vante d’avoir géré le plus gros budget de l’état pendant deux ans. Celui de l’éducation nationale, un poste où les ministres valsent si vite qu’ils n’ont même pas le temps de terminer la réforme de leur prédécesseur qu’il faut faire ses cartons pour laisser le chantier à son successeur, et où il est de notoriété publique que ce sont les hauts fonctionnaires qui font la pluie, surtout, et le beau temps, trop rarement. Si la fonction créait l’organe, ça se saurait, et Jean-Michel Blanquer pourrait s’enorgueillir d’être toujours en poste malgré, ou grâce à ses idées rétrogrades.
Et ce n’est pas tout. Vous l’ignoriez peut-être, c’est Luc Ferry qui a commis la réforme des retraites en 2003, attribuée à tort à François Fillon, et dont nous n’avons pas encore fini de payer les conséquences. Au lieu de profiter de l’anonymat que confère l’oubli miséricordieux de l’histoire, et alors qu’on pourrait considérer qu’il y a prescription, Luc Ferry revendique la paternité d’une réforme à la fois injuste et inefficace, puisqu’il a fallu remettre le métier sur l’ouvrage jusqu’à ce dernier avatar dévoilé par le Premier ministre. Fort de toute son expérience, et du bénéfice de l’âge, privilège douteux dont il partage les soi-disant bienfaits avec son interlocuteur d’un soir, il distribue ensuite les bons et les mauvais points, flattant au passage Agnès Buzyn, « formidable » ministre de la Santé, en oubliant l’étymologie du mot, qui signifie épouvantable. Ah ! Oui ! j’allais oublier. L’émission s’appelle « en toute franchise ». Pour moi, ce n’est pas la peine. J’aime mieux ne pas savoir.