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La preuve par l’image
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 15 juin 2019 10:35
- Écrit par Claude Séné
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Deux navires pétroliers, l’un norvégien, l’autre japonais, ont été victimes jeudi dernier d’une explosion suivie d’un début d’incendie dans la région très sensible du détroit d’Ormuz dans le golfe persique. Washington a immédiatement accusé l’Iran d’être à l’origine de ces incidents graves, et a publié à l’appui de ses dires une vidéo floue supposée montrer des « gardiens de la révolution » en train de récupérer une mine ventouse non explosée sur la coque du supertanker japonais. Téhéran a démenti, naturellement, et l’incertitude la plus totale règne sur cette affaire sur fond de conflit irano-américain.
Cet empressement des États-Unis à désigner la République islamique d’Iran comme auteur de ces attaques est évidemment éminemment suspect. On sait que Donald Trump a dénoncé l’accord international sur le nucléaire et impose des sanctions économiques lourdes qui touchent énormément la population iranienne, et que les dirigeants islamiques ont menacé de répliquer en bloquant le passage des pétroliers. Depuis la manipulation américaine à l’ONU où Colin Powell a exhibé de soi-disant preuves de l’existence d’armes de destruction massive en Irak dont on n’a jamais retrouvé la moindre trace, on sait que l’on ne peut pas croire sur parole l’administration américaine quand ses intérêts sont en jeu. Selon l’équipage japonais, l’attaque a été aérienne et non sous-marine, ce qui contredit formellement la thèse avancée par la Maison-Blanche. La vidéo présentée à l’appui de ces accusations est trop pixellisée pour permettre de se faire une idée réelle de ce qui s’est vraiment passé.
Mais même si le document était explicite, rien ne permettrait de garantir son authenticité. De fausses vidéos circulent depuis peu sous le nom de « deepfake », et sont fabriquées de toutes pièces grâce à un programme informatique en partant de documents réels. Elles font dire à des personnalités des phrases qu’elles n’ont jamais prononcées, ou donnent l’impression qu’elles sont en état d’ébriété, avec un tel réalisme que les intéressés eux-mêmes s’y tromperaient. Kim Kardashian y reconnait se faire beaucoup d’argent sur la crédulité de ses fans, Mark Zuckerberg exploiter sans vergogne les données confidentielles des abonnés de Facebook, ou Obama insulter ouvertement Trump. Le résultat est souvent drôle, mais potentiellement terrifiant. Autrefois, le bon peuple se faisait abuser par des rumeurs propagées par le bouche-à-oreille. Puis est venu le temps où l’on affirmait : « c’est vrai, je l’ai lu dans le journal ». Désormais, les photos aussi sont menteuses. Les mannequins sont retouchés dans les magazines pour améliorer leurs mensurations. Et voilà que les vidéos également, à grand coup d’intelligence artificielle et d’algorithmes vont refléter une société basée sur l’apparence et le faux semblant. Plus que jamais, il faudra se méfier des imitations.
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