Harcèlement scolaire
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 9 novembre 2018 10:41
- Écrit par Claude Séné
C’était hier, jeudi 8 novembre, qu’avait lieu la journée nationale de lutte contre toutes les formes de harcèlement et notamment celles qui ont lieu à l’école. On ne peut que saluer cette initiative, qui depuis 2015, tente d’enrayer un phénomène qui empoisonne le système scolaire de façon insidieuse probablement depuis aussi longtemps que l’école existe. L’attention s’est focalisée sur une vidéo mise en ligne sur les réseaux sociaux, dans laquelle un enfant de 7 ans témoigne de sa détresse et indique ses idées suicidaires du fait de sévices que lui ferait subir un camarade de classe.
Ce qui appelle un certain nombre de réflexions. Le cyber est désormais partout. Ce qui serait resté confiné dans l’espace scolaire est désormais susceptible de s’étaler publiquement, pour un meilleur hypothétique et un pire probable. En dehors d’avoir fait pleurer Margot, la vidéo débouchera sur une plainte en bonne et due forme qui a toutes les chances d’être classée sans suite, faute de preuves. Dans le domaine du harcèlement, les réseaux sociaux font davantage partie du problème que de la solution. Ils sont venus renforcer une tendance à la cruauté observée sous d’autres formes en cour de récréation, en y ajoutant bien souvent le couvert de l’anonymat. Ce petit garçon désespéré qui fréquente une école privée n’y a pas trouvé la protection qu’il était en droit d’attendre de la part de l’institution. Public et privé ne sont pas plus efficaces dans ce domaine, malheureusement. Tout ce que l’établissement a trouvé, c’est de séparer géographiquement les deux enfants tout en les maintenant dans la même classe, ce qui n’a visiblement pas suffi à régler le problème.
La secrétaire du syndicat des chefs d’établissement affirme que les directeurs et les professeurs savent faire face à ces situations, qui font partie de leur métier et pour lesquelles ils sont formés. Je crains de devoir nuancer fortement cette opinion qui relève plus du vœu pieux que de la réalité. La formation des enseignants et de leur hiérarchie sur ce sujet particulier est réduite à la portion congrue. Il est déjà très difficile d’essayer de conduire les apprentissages dans de bonnes conditions et la plus grande partie des programmes de formation initiale sont axés sur cette problématique. Quant à la formation psychologique, c’est le plus souvent sur le tas qu’elle s’acquiert, avec des fortunes diverses. Il est souvent difficile de déceler les signes qui témoignent des difficultés subies par les enfants harcelés, tels qu’un repli sur soi ou une baisse des résultats scolaires. C’est parfois plus simple pour un autre professionnel de la communauté éducative comme le médecin ou l’infirmière scolaire, le psychologue ou le conseiller d’orientation, ou d’autres personnels présents à l’école, de prendre du recul et de se détacher des seuls apprentissages. Au-delà des grandes déclarations d’intention, c’est une grave erreur d’en diminuer constamment le nombre.