Que d’eau ! que d'eau!
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 21 septembre 2018 10:24
- Écrit par Claude Séné
On croyait avoir touché le fond avec la déclaration du Maréchal Patrice de Mac Mahon en 1875 au cours de sa visite en qualité de Président de la République dans la région de Toulouse qui subissait de graves inondations. Il s’était alors écrié : « que d’eau, que d’eau ! », s’attirant une réplique historique, elle aussi, bien que moins connue et probablement inventée de toutes pièces de la part du préfet qui aurait ajouté : « et encore, Monsieur le Maréchal, vous n’en voyez que le dessus ! »
Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis cette époque, mais le flambeau de la trivialité érigée en principe de gouvernement a été repris avec succès par l’actuel locataire de la Maison-Blanche qui n’en finit pas de délivrer des messages sur le réseau social Twitter, dont la plupart sont totalement superflus, quand ils ne marquent pas tout simplement une indigence de la pensée présidentielle. Donald Trump s’est récemment surpassé à propos de l’ouragan qui a frappé notamment une partie des États-Unis, provoquant dégâts et inondations catastrophiques. Selon le président, faisant preuve d’un sens aiguisé de l’observation, « Florence a été un ouragan difficile », car « l’un des plus humides du point de vue de l’eau ». On imagine sans peine le réconfort que les Américains ont dû ressentir, surtout ceux qui ont tout perdu, à l’énoncé de ce truisme marquant le sommet de la compassion que peut éprouver le président milliardaire à l’égard de ses concitoyens. Donald Trump s’était déjà illustré lors de la catastrophe subie par Porto Rico avec le passage de l’ouragan Maria en 2017. En déplacement sur l’île, le président américain avait exprimé sa solidarité en jetant des rouleaux d’essuie-tout aux sinistrés à la manière d’un basketteur s’entraînant à marquer des paniers.
Comme on ne prête qu’aux riches, Mac Mahon est supposé avoir proféré d’autres bourdes dans le style de : « c’est vous le nègre ? Continuez ! » ou « La fièvre typhoïde est une maladie terrible : ou on en meurt, ou on en reste idiot. J’en sais quelque chose : je l’ai eue ». Le gros avantage avec Donald Trump, c’est qu’il n’y a nul besoin de se fatiguer à inventer des bêtises le concernant : il s’en charge lui-même, et avec quel brio ! C’est bien simple, la plupart de ses aphorismes pourraient être mis dans la bouche de Joseph Prudhomme, un personnage imaginé par un auteur de théâtre du 19e siècle, et que je ne résiste pas au plaisir de citer : « Le char de l’état navigue sur un volcan » ou encore : « c’est mon avis, et je le partage » sans oublier : « Je ne connais pas d’endroit où il se passe plus de choses que dans le monde ».
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