Charlie encore…

 

Décidément, je me sens incapable de me concentrer sur autre chose que cet événement qui, en soi, au regard de tous les attentats et assassinats perpétrés dans le monde au nom de l’islam, pourrait n’être qu’un attentat parmi les autres, et qui n’a pourtant pas fini de secouer le monde.

 

Je me voulais porteuse d’espoir à la suite de cet élan de solidarité énorme que l’assassinat des caricaturistes de Charlie avait provoquée. Témoin et participante de cette unité dans le chagrin, voire dans la colère, pour affirmer le droit de tout individu à exprimer librement sa pensée sans pour autant attirer sur lui une menace de mort, j’avoue qu’aujourd’hui je verse plutôt du côté des désespérés.

 

 

Dans cette lutte où se joue notre survie, qui sera le gagnant de l’obscurantisme ou de la tolérance ?

 

Tant que l’ennemi était ciblé, tant que l’on croyait qu’il s’agissait de mouvements minoritaires extrémistes, prônant les principes d’une religion musulmane pervertie dans son interprétation, même s’il ne fallait pas minimiser leur puissance de destruction, leur fanatisme les poussant à l’abnégation, naïvement, je pensais que les civilisations « éclairées » trouveraient bien les moyens de les éradiquer. Mais devant les réactions des pays musulmans se sentant insultés par la dernière couverture de Charlie hebdo, devant les réactions négatives d’adolescents, devant la récupération inéluctable par les mouvements d’extrême droite de tout ce qu’on a exprimé de plus noble, j’ai peur…

 

J’ai peur que l’on revienne à un choc culturel de l’Est et de l’Ouest dont il serait difficile de se relever. On a déjà connu des guerres de religion meurtrières, le Kosovo, l’Irlande… à notre porte, on en connait encore, un peu plus lointaines, qui enflamment le Moyen-Orient, mais sommes-nous à l’aube d’une 3e guerre mondiale qui pourrait laisser l’humanité exsangue ? Il paraît impensable que la seule intelligence ne puisse désarmer ceux qui font une lecture déformée du Coran afin qu’elle serve leur besoin de guerre sainte, y exhumant de supposés interdits, ou des principes d’asservissement des femmes. S’ils savaient lire, ils sauraient qu’il est nul et non avenu de se sentir insultés dans leur foi, la représentation du prophète n’étant pas interdite ! Comment faire entendre raison ? Comment ne pas penser, au regard des manifestations au Niger, que cette haine attisée par des extrémistes pour une religion différente s’épanouit dans un contexte économique délabré générateur de frustrations et de colère ? L’Occident n’y aurait-il aucune responsabilité ?

 

Je la trouve pourtant très forte cette dernière couverture, toute à l’honneur de Mahomet capable de répondre par le pardon et de verser des larmes sur les actes criminels de ses soi-disant adorateurs. Les musulmans auraient dû se sentir réconfortés plutôt que dénigrés.

 

Et dire, qu’après un lever matinal, et une queue de trois quarts d’heure, je n’ai même pas pu tenir dans mes mains ce  « satané » journal pour essayer, avec ceux qui ont eu le courage de continuer leur travail, fidèles à eux-mêmes et à ceux qui sont partis, pour rire un peu !

 

L’invitée du dimanche

Commentaires  

#1 Louisette Guibert 18-01-2015 11:27
Je t'envoie la version informatique...
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