Dommages collatéraux
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 17 janvier 2015 11:02
- Écrit par Claude Séné
Un malheur n’arrivant jamais seul, voilà que Francis Lalanne s’est mis en tête de relancer sa carrière en composant un hymne à la mémoire des dessinateurs de Charlie hebdo. Sobrement intitulée « je suis Charlie »[1] la chanson enfile les lieux communs avec une émotion surjouée dans le registre lacrymal. Lalanne fait du Lalanne, ce qui n‘étonnera personne. À sa décharge, il n’est pas le seul à avoir tenté l’hommage, un exercice casse-gueule dont peu savent se sortir avec élégance et dignité.
Nous avons aussi eu droit à un reggae du groupe Tryo[2], que l’on a connu plus inspiré, un slam de Grand corps malade[3], un rap d’Oxmo Puccino[4], j’en oublie sûrement. Faute de temps ou d’inspiration, les Françoises[5], un groupe éphémère de jeunes chanteuses françaises, talentueuses par ailleurs, ont simplement modifié les paroles d’une de leurs chansons pour les adapter aux circonstances, tandis que JB Bullet, un inconnu devenu illustre à cette occasion, a fait un carton en reprenant Hexagone de Renaud avec un texte de son cru[6]. Il faut dire que l’exemple était venu de haut, quand sir Elton John himself avait recyclé « Candle in the wind »[7] aux funérailles de Lady Diana en 1997, une chanson écrite en 1973 à la mémoire de Marylin Monroe.
C’est que les chansons de circonstance sont rarement des chefs d’œuvre. Je ne doute pas de l’émotion de certains artistes, mais elle est souvent un obstacle plus qu’un avantage. C’est pourquoi j’ai trouvé judicieux le choix de l’accompagnement musical du clip « je suis Charlie » qui tourne en boucle à la télévision, où l’en entend Maxime Le Forestier dans une reprise de Brassens, « quand les cons sont braves »[8], une chanson que l’oncle Georges n’a pas eu le temps d’enregistrer et dont le thème, universel, s’adapte parfaitement à la situation.
Pour ma part, s’il ne fallait qu’une seule chanson pour accompagner les victimes dans leur dernier voyage, ce serait Fernand[9], de Jacques Brel :
« Dire que Charlie est mort
Dire qu'il est mort Charlie
Dire que je suis seul derrière
Dire qu'il est seul devant (…)
Et puis si j'étais l'Bon Dieu
Je crois que je ne serais pas fier
Je sais on fait ce qu'on peut
Mais il y a la manière (…)
Et maintenant bon Dieu
Tu as bien rigolé
Et maintenant bon Dieu
Et maintenant j'vais pleurer »
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