Apagogie
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 3 août 2018 08:56
- Écrit par Claude Séné
Vous savez que j’aime bien vous faire découvrir des mots nouveaux. C’est le cas pour celui qui sert de titre à ce billet, en tous cas il l’est pour moi, s’il ne l’était pas pour vous. En pratique, on connait mieux l’apagogie sous sa forme moins concise de « raisonnement par l’absurde » qui consiste le plus souvent à démontrer la vérité d’une proposition en réfutant une proposition contraire du fait de son absurdité manifeste. J’en vois qui sont perdus au fond de la classe. Un exemple ne saurait nuire. Si, un exemple nuirait ? Bon, allons-y.
Selon nos informations, cinq solides gaillards chargés du maintien de l’ordre au commissariat de Créteil mardi dernier, ont été contraints de porter plainte contre un homme qui refusait de coopérer pendant une audition. Un des policiers a déclaré que le simple fait que les fonctionnaires aient été obligés de s’y mettre à cinq pour le maîtriser suffit à démontrer la violence déployée par celui qu’il qualifie évidemment de « forcené ». Comment expliquer en effet qu’un citoyen résiste aux forces de l’ordre à moins d’avoir complètement ou partiellement perdu l’esprit ? Le fait qu’à la suite de cette altercation l’homme soit tombé dans le coma, qu’il ait présenté une hémiplégie du côté droit, une aphasie partielle et qu’il ait fait l’objet d’un arrêt de travail de 30 jours, alors qu’à ma connaissance aucun des 5 policiers n’a été blessé, même légèrement, ne doit pas nous inciter à tirer des conclusions hâtives. La preuve, la clé d’étranglement qui lui a été appliquée dans les règles de l’art est enseignée dans les centres de formation de la police, a ajouté le policier.
Évidemment, si l’incident était survenu à la suite d’une initiative personnelle d’un civil qui se serait arrogé les insignes et les pouvoirs réservés aux fonctionnaires assermentés, il en aurait été tout autrement. Nous retrouverions ici la distinction fameuse entre le bon et le mauvais chasseur, qui tirent tous les deux, mais que tout oppose. Malgré les signes évidents de la bonne foi des policiers et la mauvaise réputation de l’individu déjà connu défavorablement des services pour des délits routiers et qui est accusé de violences conjugales, le parquet a cru bon d’ouvrir une enquête et les bœufs-carottes ont été saisis. Gageons que les valeureuses victimes seront blanchies et que l’auteur des violences subira le sort qu’il mérite et une sévère condamnation pour cette agression caractérisée. Il peut d’ores et déjà s’estimer heureux de ne pas avoir subi le sort d’Adama Traoré, il y a deux ans, décédé dans des conditions toujours pas élucidées dans la cour du commissariat de Persan à la suite d’une interpellation musclée. CQFD.
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