Dura lex sed lex
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 8 juin 2018 10:22
- Écrit par Claude Séné
« La loi est dure, mais c’est la loi ». Je traduis pour les non-latinistes, qui pourraient imaginer ici une chronique sur les verres utilisés dans les cantines de mon enfance, où l’on s’amusait à regarder le chiffre inscrit dans le fond pour le comparer à celui de son âge. Peut-être un jour d’ailleurs sollicitera-t-on les députés pour légiférer sur le diamètre des verres préconisés dans les restaurants scolaires. J’évoquais hier la surcharge de travail imposée aux parlementaires, menacés de surmenage. Il est certaines discussions qui semblent un peu superfétatoires.
Le groupe parlementaire la République en marche, trouvant sans doute l’ordre du jour législatif trop peu chargé, a cru indispensable de rajouter sa proposition de loi, d’origine parlementaire, aux nombreux projets de loi du gouvernement, histoire d’exercer un droit et de démontrer sa propre utilité, je présume. Il ne s’agissait de rien de moins que de l’interdiction des portables à l’école. Vous croyiez comme moi que l’affaire allait sans dire et relevait tout au plus d’un règlement intérieur à l’établissement ? Oui, mais non. Si l’on en croit les députés de la majorité, ce qui va sans dire va encore mieux en le disant. Je vous la fais courte. Avant, c’est-à-dire jusqu’à adoption définitive de la nouvelle loi, le portable pouvait être interdit par le chef d’établissement, désormais, il pourra être autorisé sous certaines conditions par ce même directeur. En pratique, rien ne change. On s’étonnera après cela de l’embouteillage parlementaire, qui conduit à priver de temps de parole les députés non inscrits, comme Jean Lasalle, et l’amène à hurler à la censure.
Sans être aussi caricatural, un deuxième exemple amène à se poser des questions sur le véritable intérêt de certains débats parlementaires. L’Assemblée nationale va devoir se prononcer sur un projet de loi qui concerne la diffusion de fausses nouvelles. À l’exception de la majorité présidentielle, tous les groupes s’accordent à trouver le texte au mieux, inutile, au pire, dangereux, car potentiellement liberticide. C’est d’autant plus désolant que pendant ce temps-là des mesures urgentes et légitimes ne sont pas inscrites dans la loi. En particulier, les zélotes du gouvernement se sont évertués à nous expliquer qu’il était inutile de mentionner le glyphosate dans la loi sur l’alimentation et qu’il valait beaucoup mieux faire confiance au président pour qu’il tienne ses promesses de campagne. Comme si l’un empêchait l’autre. Tout à coup, le flou artistique devenait préférable à la clarté d’une interdiction dont on nous assure qu’elle sera cependant effective. Le gag serait que cette disposition, annoncée comme certaine, tombe sous le coup de la loi destinée à sanctionner les fausses nouvelles, s’il s’avère que tout ça n’était que de la poudre de perlimpinpin.
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