Premier de cordée

Le président Macron va trouver le temps dans un agenda bien chargé de recevoir le jeune homme courageux qui a sauvé un enfant de quatre ans suspendu dans le vide au 4e étage de son immeuble. Emmanuel Macron aime ces héros positifs qui font oublier les difficultés du quotidien, dont la réussite serait la preuve que tout le monde peut y arriver, puisque certains le font. Le fait que le sauveteur soit un réfugié malien qui ne dispose pas de papiers en règle ne semble pas lui apparaitre comme un obstacle.

Ce ne serait pas la première fois qu’un illégal conquiert de haute lutte le droit de résider sur le territoire français, un droit qu’on lui contestait auparavant, grâce à un exploit ou un fait d’armes. Souvenons-nous de Lassana Bathily, dont le sang-froid et le courage avaient permis de sauver des vies à l’hyper cacher de la porte de Vincennes lors de la prise d’otages de 2015. Lui aussi d’origine malienne, il a obtenu ses papiers et un poste d’agent technique à la mairie de Paris, ce dont on ne peut que se réjouir. Comme lui, Mamoudou Gassama va probablement être régularisé et décrocher un emploi lui assurant un avenir paisible. Tant mieux pour lui, il le mérite bien. Ce qui ne signifie pas que les milliers d’exilés qui se massent actuellement dans les camps en région parisienne dans des conditions indignes d’une république, méritent leur calvaire, ni d’être traités comme des animaux, dont on s’indigne du sort par ailleurs. Le ministère de l’Intérieur et la Mairie de Paris se renvoient la balle depuis plusieurs mois, et rien ne bouge, sinon dans le sens d’une aggravation « naturelle » des conditions d’accueil, si l’on peut dire. On s’attend à une énième évacuation des sans-papiers, qui seront très vite remplacés par de nouveaux réfugiés qui viennent tenter leur chance à leur tour. L’état semble laisser volontairement pourrir la situation dans l’espoir de dissuader les nouveaux migrants, malgré l’échec patent de cette stratégie.

Plus le temps passe, plus ce pouvoir laisse voir sa véritable nature avec l’accélération de sa dérive monarchique. Le bon plaisir semble être devenu la règle. Comme les cheminots, le président pense avoir les Français à l’usure. Il se donne de moins en moins la peine de respecter les apparences et laisse transparaitre ouvertement son mépris des mécontentements légitimes soulevés par sa politique. Alors qu’il choisit de recevoir un exemple de l’intégration à la française, c’est-à-dire obtenu à l’arrache, en laissant tous les malchanceux sur le carreau, il refuse aux écoliers du conseil municipal des enfants de Pantin de venir visiter l’Élysée, comme l’avait fait son prédécesseur. Tout un symbole.

Commentaires  

#1 jacotte 86 28-05-2018 11:16
devant "l'échec" de la mobilisation de samedi on pourrait croire que Jupiter n'en fait pas encore assez pourquoi se générait-il?
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