Données personnelles

Que vous soyez un utilisateur assidu ou occasionnel d’Internet, vos données personnelles intéressent grandement les commerçants, les publicitaires ou les politiques. L’affaire du Cambridge Analytica, qui a piraté et utilisé les données de 86 millions d’utilisateurs de Facebook à travers le monde, a révélé les failles béantes dans les systèmes de sécurité prévus pour protéger la vie privée des internautes. Les plates excuses du PDG, Mark Zuckerberg, devant le Congrès américain puis l’assemblée européenne n’y changeront rien. L’exploitation des données personnelles n’est pas un accident de parcours du système, mais le système lui-même.

Sur Internet, le modèle prédominant, celui auquel sont attachés les utilisateurs depuis sa création, c’est la gratuité. Tout l’art des acteurs économiques de ce secteur en constante progression, c’est donc de trouver le moyen de gagner de l’argent avec un produit censé être gratuit. Le plus évident et le plus connu c’est évidemment la publicité. Cependant, il est très désagréable de lire une page web envahie de bandeaux en tous genres, et les logiciels bloqueurs de pub se sont généralisés. Les commerçants ont vite compris qu’il valait mieux cibler leurs réclames et se baser sur l’historique des internautes pour leur proposer des produits qu’ils ont déjà recherchés. Cela suppose que le site dépose dans votre ordinateur un petit fichier qui permettra de vous reconnaitre à votre prochain passage. Connus sous le nom de cookies, comme les petits gâteaux secs dont raffolent les Américains, ils ne doivent pas être utilisés à votre insu. C’est pourquoi vous êtes invités à les accepter, mais je doute qu’en cas de refus, votre volonté soit respectée.

En effet, de louables efforts ont été faits pour vous aider à préserver votre vie personnelle, mais les règles sont très largement contournées. Si vous voulez utiliser le fameux moteur de recherche le plus connu, Google, vous n’avez pas d’autre choix que d’accepter ses conditions. Dans le cas contraire, il ne vous reste plus qu’à vous en abstenir. Depuis quelques jours, de nombreux sites sollicitent leurs clients pour leur demander d’approuver leurs nouvelles conditions, conformes à la récente réglementation dite « règlement général sur la protection des données », en principe plus protectrice des données personnelles. Vous pouvez accepter ou non, mais ne vous faites pas trop d’illusions sur les résultats concrets. Il y aura toujours autant de publicités ciblées, et vous recevrez toujours autant de « pourriels », ces emails non désirés à visée commerciale. C’est seulement le gendarme du Net, la CNIL en France, qui aura le pouvoir de vérifier la conformité des pratiques des entreprises et pourra leur infliger des amendes dissuasives allant jusqu’à 20 millions d’euros ou 4 % du chiffre d’affaires en cas d’infraction. La seule mesure efficace, l’interdiction par défaut d’utiliser les données personnelles des usagers, n’est pas à l’ordre du jour.