Péché mignon

Avouez qu’à regarder le président de la République et sa dégaine de premier communiant, on lui donnerait volontiers le Bon Dieu sans confession. Et pourtant, malgré son allure de premier de la classe et les apparences d’un parcours sans faute, Emmanuel Macron dissimule mal son péché mignon, qui est le véritable moteur de sa trajectoire : l’orgueil. C’est l’orgueil, à moins que ce soit la vanité, qui l’a poussé à choisir les journalistes réputés les plus coriaces pour l’interviewer à la télévision : Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plénel.

Un risque très calculé cependant. D’une part parce que les contradictions multiples ont tendance à se neutraliser et d’autre part parce qu’à tout moment le président peut jouer de son statut, ce dont il ne s’est d’ailleurs pas privé. Les questions orientées des journalistes lui servent alors de faire-valoir, et ce sont eux qui sont mis sur la sellette, dans un incroyable retournement de la situation, avec un culot et un aplomb sans la moindre vergogne, exploitant l’avantage de sa position dominante. On retrouve cette pugnacité dans le bras de fer qui l’oppose aux cheminots, dont il feint de comprendre le combat pour mieux valoriser son triomphe s’il parvient à ses fins. Son objectif n’est pas tant de redresser la SNCF, dont il se fout royalement puisqu’il sait que l’état devra tôt ou tard renflouer les caisses qu’il a largement contribué à vider, mais de se payer le scalp du statut des cheminots pour pouvoir le brandir comme un trophée en dénaturant une des dernières conquêtes sociales. En infligeant une nouvelle défaite aux syndicats, dont certains n’attendent qu’un signe de sa part, il espère parachever son entreprise de démolition sociale sans être dérangé.

Cette recherche de gloriole ne date pas d’hier. On peut analyser tout son parcours, y compris sentimental, à l’aune de cette grille de lecture. Comme le Manu chanté par Renaud, il croise au lycée une gonzesse qui était faite pour personne, et il dit elle est pour moi, ou alors y’a maldonne. Elle est mariée ? Elle a presque 25 ans de plus que lui ? Elle est prof et lui élève ? Et alors ? On n’est pas sérieux quand on a 17 ans, et c’est flatteur de séduire une vraie femme quand les copains sortent avec des gamines. Son appétit de prestige ne s’arrêtera plus. Il ne sera pas même stoppé par son double échec à l’école normale supérieure sur lequel il entretiendra un flou artistique suggérant son admission et le choix d’une autre voie royale sacrifiant la littérature au profit de la politique et de la finance. Sa chance peut-elle durer ? C’est une autre histoire.

Commentaires  

#1 poucette 16-04-2018 17:04
il a quand même un sacré pot! ! ! arrivé au pouvoir avec lepen comme adversaire et aussi un sacré culot en faisant oublier l'abstention et les votes nuls records et profiter des divisions de ses adversaires.comment s'en débarrasser?
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