Le « bon vieux temps »

Qu’est-ce qui est passé par la tête du doyen de la Faculté de droit de Montpellier au soir du 22 mars dernier ? A-t-il voulu faire un remake avant l’heure des « évènements » de mai 68 ? s’est-il souvenu avec nostalgie d’une jeunesse où il aurait fait le coup de poing contre les antifascistes ? Nul n’en sait rien. Toujours est-il que Philippe Pétel a présenté sa démission à la suite des violents incidents qui se sont déroulés dans sa faculté, et dont il est au minimum complice pour avoir laissé faire, et plus si affinités.

Rappelons que des étudiants de la fac de droit de Montpellier avaient décidé de rester dans les locaux en prévision d’une AG qui devait se tenir le lendemain matin. Ils craignaient, à juste titre, semble-t-il, qu’on les empêche d’y pénétrer à nouveau s’ils quittaient les lieux. Une occupation pacifique et bon enfant qui n’était pas du goût de tout le monde puisqu’un commando cagoulé et armé de barres de bois faisait irruption pour chasser les étudiants, sidérés et choqués devant ce déferlement de violence. Pendant l’affrontement, un professeur bien connu pour ses liens avec l’extrême droite était présent et soupçonné d’avoir participé activement à l’évacuation forcée et musclée. Jean-Luc Coronel de Boissezon (ça ne s’invente pas) aurait frappé un étudiant et a donc été mis en examen, ainsi que son doyen, à l’issue de sa garde à vue. Circonstance aggravante, il serait en état de récidive puisqu’il a déjà été condamné à de la prison pour port d’armes et détention de stupéfiants et qu’il a été placé ensuite sous contrôle judiciaire. On peut légitimement s’étonner qu’un « professeur » de cet acabit soit maintenu dans ses fonctions, et pire encore qu’il soit autorisé à participer à la formation de futurs magistrats ou juristes, chargés de faire appliquer le droit.

Il y a peu de chances pour que le président de la République veuille organiser des commémorations pour le 50e anniversaire de la révolte populaire contre le pouvoir établi, un mandarinat dont il s’affirme jour après jour comme le digne héritier, et qu’il perpétue sous couvert de modernité. Ce sont peut-être des provocations comme celles de Montpellier, qui risquent de mettre le feu aux poudres et d’offrir à Emmanuel Macron un cadeau d’anniversaire dont il se serait bien passé, lui qui n’était même pas né au moment des « évènements ». Les mouvements estudiantins sont par nature imprévisibles et ils ont la caractéristique de se répandre sans que l’on sache toujours comment, un peu comme les incendies qui sautent les coupe-feux et deviennent rapidement incontrôlables. Le pouvoir aurait tort de les réduire à de simples feux de paille.

Commentaires  

#1 poucette 04-04-2018 11:59
je te sens devenir de plus en plus révolutionnaire.j'aimerais bien que les 50 ans anniversaire de mai 68 nous fasse revivre nos belles luttes :3 semaines de grève ! ça ne s'oublie pas
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