Poutine supertsar

Les résultats de l’élection présidentielle de dimanche dernier en Russie ont donc mis fin à un suspense insoutenable. Les autorités avaient insisté pour que les électeurs assurent le succès de leur président sortant avec une majorité nette, ne laissant aucune place au doute, sans toutefois atteindre des pourcentages à la chinoise, qui auraient parus instantanément douteux aux yeux des occidentaux, qui entretiennent une suspicion de principe à l’égard du chef bien aimé du peuple russe. Le score de 76,67 % n’a pourtant pas été simple à obtenir. Il a fallu 100 % du vote de Gérard Depardieu, qui compte pour deux, vu son tour de taille.

Pour faire bon poids, les assesseurs ont été obligés de compléter les urnes avant le dépouillement, n’hésitant pas à photocopier les bulletins quand ils manquaient de munitions. Grâce au ciel, et à la diligence des affidés, le compte a été bon. En effet, le président obtient ainsi plus de la moitié des inscrits, 51 % pour être précis, et peut donc conforter son pouvoir absolu jusqu’en 2024, et plus si affinités. Le maître du Kremlin n’a exclu son maintien en fonction qu’au-delà de ses 100 ans, ce qui lui laisse encore une trentaine d’années devant lui. Avec un tel triomphe, on n’a que l’embarras du choix pour qualifier le type de pouvoir exercé par cet homme providentiel. Le terme de tsar, issu du latin César, lui va certes comme un gant tant il règne sur ses moujiks comme Ivan le terrible autrefois, une main de fer dans un gant d’acier. On hésite à le traiter de despote ou de tyran, tant les deux termes semblent faibles de nos jours. On leur préfèrera celui de dictateur, d’autocrate, ou encore de potentat.

Si le pouvoir de Vladimir Poutine n’était étayé que par ses méthodes autoritaires et la toute-puissance de l’état sur les citoyens, ce serait déjà inquiétant, tant le personnage pousse son avantage jusqu’à l’extrême limite du supportable, à l’intérieur comme à l’extérieur de son pays. Il réussit de surcroît à conquérir sa popularité auprès de la population russe en flattant la fierté nationale. De même que les partisans de Donald Trump confisquaient la patrie aux cris de « USA, USA » après l’élection de leur candidat, ceux de Vladimir Poutine scandaient « Russie, Russie », comme si leur chef était l’alpha et l’oméga de la nation. Dans les deux cas, populisme et nationalisme sont les ressorts de la campagne électorale. Des recettes que revendique en France le futur Rassemblement national, sans avoir pour l’instant réussi à convaincre une majorité d’électeurs de la pureté de ses intentions, mais « le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde ».

Commentaires  

#1 jacotte 86 20-03-2018 11:43
on avait dit "pas le physique..."
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