« J’aime lire »

C’était le titre ambitieux d’un manuel d’apprentissage de la lecture des années 70, qui voulait peut-être faire oublier que lire est une activité (presque aussi vieille que l’humanité) qui, pour être maîtrisée, mobilise beaucoup de compétences et de capacités dont la logique, la mémoire, l’analyse des données, la capacité de synthèse, l’appropriation d’un code, et la recherche de sens… lire, c’est s’approprier les mots, élucider leur fonctionnement, leurs propriétés, se laisser porter par eux.

C’est une activité complexe qui paraît difficile pour un grand nombre d’individus, ce qui explique que, bien qu’ayant été scolarisé, un Français sur 10 ne la maîtrise pas, c’est un échec de l’école, la soixantaine d’enfants en difficulté à qui j’ai appris à lire contre vents et marées est une infime goutte d’eau au milieu de plus de 3 millions d’illettrés.

L’illettrisme est un drame souvent vécu avec douleur, honte, et culpabilité, car savoir lire ouvre la porte à l’intégration sociale, à l’autonomie, au travail et à l’enrichissement de la personne. Un lecteur contrôle sa vie, construit sa pensée, devient citoyen actif, il a accès à toutes les informations, chaque lecture est un pas en avant vers la liberté et un pas en arrière pour la dictature.

Pour lutter contre ce fléau, l’agence nationale de lutte contre l’illettrisme a été créée en 1999, elle délègue aux préfets et aux recteurs le soin de coordonner toutes les actions des services sociaux désireux de développer cet outil source d’intégration, tâche dont ils s’acquittent avec plus ou moins de réussite.

Le 20 janvier dernier a eu lieu la deuxième « nuit de la lecture », à l’initiative du ministère de la Culture, mobilisant les bibliothèques, et les librairies qui le souhaitaient, pour un partage du savoir lire et pour sensibiliser un public trop souvent écarté de ces lieux.

L’association « Lire et faire lire », créée par Alexandre Jardin et Pascal Guénée, participe avec tous ses bénévoles qui interviennent dans les écoles à faire émerger l’envie, à soutenir le désir de s’approprier cet outil essentiel à la prise de conscience de son existence.

Lire, pour le divertissement ou pour l’information, c’est exercer sa pensée critique, s’ouvrir aux autres, renforcer sa culture, stimuler l’imagination, créer des liens communs dans une génération, et c’est une source de plaisir inépuisable, en même temps qu’un moyen d’évasion à la portée de tous.

Quel que soit le support, papier ou écran, on lit tous les jours, la multiplication des médias ne pourra jamais supprimer ce moyen d’information et de communication. Je ne peux imaginer une vie sans avoir un texte à lire de n’importe quelle source. Personnellement, j’ai tous les jours un livre sous la main. Souvent, son sujet m’accompagne après la page « tournée », les personnages restent à mes côtés, je m’identifie à eux, je les aime, je les déteste, j’ai peur pour eux, j’ai souvent hâte de les retrouver, j’ai envie de les partager, c’est magique, car c’est un univers que je peux emporter n’importe où avec moi, une bonne façon de s’enrichir sans voler personne ! Je vous souhaite bonne fortune.

L’invitée du dimanche

Commentaires  

#2 poucette 28-01-2018 12:12
et où sont passés les recherches sur la liaison langage oral langage écrit menées sur le terrain sous la houlette de Laurence Lentin ? quand je pense que j'y ai fait participer les nounous 5volontaires )du CCAS.on était loin des neuro sciences.....mais assez efficaces ,
Citer
#1 Claude 28-01-2018 10:48
Comme je te comprends, chère invitée. Après avoir été un lecteur compulsif dès mon plus jeune âge, dévorant tout ce qui me passait sous la main, j'ai cru nécessaire de délaisser un peu la lecture pour vivre par moi-même. Grave erreur! Lire ne s'oppose pas à vivre, lire, c'est vivre!
Citer