De Charybde en Scylla

Vous connaissez la fameuse expression tirée de la mythologie grecque qui voulait que si l’on réussissait à échapper au premier de ces deux monstres marins, c’était pour mieux tomber sur le second, encore plus redoutable. Tel Ulysse dans l’Odyssée, Emmanuel Macron doit donc tracer sa route entre deux écueils également dangereux. Et la difficulté première, c’est de traduire sa fameuse pensée complexe en un langage accessible au commun des mortels. C’est là le rôle du porte-parole du gouvernement. Cette fonction, qui était tenue par Christophe « Charybde » Castaner, échoit désormais à Rayan « Scylla » Nezzar.

La succession est lourde et difficile, tant le nouveau patron de la République en Marche a jalonné son parcours de lapsus qui feraient le bonheur de n’importe quel psychanalyste. Il aligne comme des perles les bons mots involontaires, en parlant de députés expérimentaux et non expérimentés, du Premier ministre qui met en œuvre la polémique, pardon la politique, évitant de justesse de traiter ses collègues de despotes au lieu de dépositaires, confondant feuille d’impôt et feuille de paye dont il voulait souligner l’augmentation. Comme on le sait, le lapsus est l’expression d’une pensée inconsciente et trahit parfois ce que l’on préfèrerait garder pour soi. En appelant sa collègue ministre du Travail, Muriel Pinocchio, il ne pouvait pas lui faire pire critique sur son manque de sincérité supposé. Et la pire de ses gaffes, c’est d’avoir confondu Ramadan et Bataclan, donnant à ses propos une connotation islamophobe involontaire.

On comprend donc que ce sera difficile de faire mieux, ou pire, que Christophe Castaner, appelé à de hautes fonctions après une élection digne d’un maréchalissime autoproclamé. Et pourtant, le nouveau porte-parole du gouvernement, Rayan Nezzar, doit déjà balayer devant sa porte, avant même sa prise de fonction officielle. Son truc à lui, ce n’est pas le lapsus, c’est l’insulte. Et il y va de bon cœur. Des journalistes qui ne lui veulent visiblement pas du bien ont exhumé des tweets datant de 2012 et 2013 dans lesquels il s’en prend à diverses personnes en termes choisis, traitant Copé de « petite pute », Alain Juppé de « fiotte », Aurore Bergé de « pouffiasse », Caroline Fourest « d’épave », tout en affirmant que Manuel Valls avait « zéro couille » ou que Bruno Le Maire était un « guignol » et « une couille molle ». Autant de propos que l’intéressé a qualifiés « d’irréfléchis », en s’excusant si, par le plus grand des hasards, ils avaient pu choquer. Mais non, Rayan, c’est normal. C’est même un excellent entraînement pour ton futur job. Tu es juste en train d’apprendre ce que sait un gamin de 13 ans : rien ne s’efface jamais complètement d’Internet. Le fromage vaut bien une leçon, sans doute.

Commentaires  

#1 poucette 08-01-2018 17:26
c'est à peine croyable toutes ces perles !!!!!je ne pensais pas possible d'en enfiler autant.la grossièreté
s'ajoutant à l'acte manqué.
Citer