La loterie des grandes causes

Quel est le point commun entre le loto et la déclaration d’Emmanuel Macron concernant l’égalité entre les hommes et les femmes, qui en fait la grande cause nationale de son quinquennat ? Elle tient dans un slogan des années 80 des campagnes publicitaires de la Française des jeux, qui proclamait : « Le loto, c’est facile, c’est pas cher et ça peut rapporter gros ». Samedi dernier, le chef de l’état s’est fendu d’un discours à l’occasion de la journée internationale pour l’élimination des violences faite aux femmes.

En gros, nous y avons appris que la violence, c’est mal, et que celle exercée contre les femmes devait cesser. Quant à l’assistance aux victimes, il faut continuer comme avant en renvoyant les femmes vers les associations, qui n’auront pas un sou de plus pour mener leurs actions. Selon le calcul des militantes féministes, assez déçues globalement du faible engagement du gouvernement en termes financiers, le budget total du secrétariat d’État, qui sera de 30 millions en 2018, et « sanctuarisé » pendant le quinquennat, est notoirement insuffisant. Caroline de Haas, fondatrice d’« osez le féminisme ! » estime qu’il faudrait 1 milliard sur 5 ans pour faire bouger les choses. Vous me direz qu’en ces temps de restrictions budgétaires, un milliard, ça ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval, bien que, après tout, le PMU pourrait être une piste intéressante en tant que source supplémentaire de recettes, et vous aurez raison. Il se trouve que l’état, dans le même temps où il peine à financer la lutte contre les violences faites aux femmes, est prêt à trouver des crédits pour un énième « choc de simplification administrative » destiné à simplifier la vie des Petites et Moyennes Entreprises, lesquelles, échaudées par des réformes ayant abouti à leur pourrir la vie sous prétexte de la leur simplifier, font preuve d’un scepticisme compréhensible. Il y aura pourtant un crédit d’un milliard et demi alloué sur 5 ans pour ce qui n’est même pas une cause nationale.

Il faut d’ailleurs une loupe pour trouver aujourd’hui dans la presse des traces de l’impact des mesures annoncées avant-hier par Emmanuel Macron. Tout porte à croire que le discours du président ira rejoindre le cimetière des bonnes paroles et des déclarations d’intentions non suivies d’un quelconque effet. Qui se souvient encore du discours de Johannesburg prononcé par Jacques Chirac en 2002 au sommet de la Terre et qui commençait par ces mots : « notre maison brûle et nous regardons ailleurs » ? Une phrase magnifique et un cri d’alerte resté lettre morte. Souhaitons que la nouvelle grande cause nationale ne subisse pas le même sort.

Commentaires  

#1 jacotte 86 27-11-2017 11:59
c'est le mois du père Noël on peut toujours rêver
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