On est mal, patron
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 28 septembre 2017 09:24
- Écrit par Claude Séné
On est très mal. C'est ce que la publicité du groupe Lidl met en avant pour décrire la soi-disant détresse de ses concurrents quand ils voient ses performances en matière de prix et de qualité des produits. Ce que la réclame omet de signaler, c'est que ces résultats sont dus à l'exploitation impitoyable des salariés, et que les bénéfices sont tirés littéralement sur le dos des employés. Il ne s'agit pas là d'une image, comme en témoigne le reportage d'une équipe de France 2 pour le compte de l'émission Cash investigation.
En effet les chiffres sont sans appel. Les manutentionnaires de l'enseigne sont soumis à un régime d'enfer auquel leur dos ne résiste pas éternellement. D'abord les cadences, au rythme de 250 colis par heure, cela représente un colis toutes les 14 secondes, et au bout de la journée, le salarié aura soulevé plus de 8 tonnes. Inutile de préciser que les congés de maladie se multiplient, et qu'au bout de quelques années il n'est pas rare que l'employé devienne définitivement inapte à continuer un travail de forçat. On lui propose alors un reclassement comme la loi l'exige en prenant grand soin de l'amener à devoir le refuser pour cause d'éloignement. Enfin, cerise sur le gâteau, on entend un responsable régional menacer un salarié récalcitrant des flammes de l’enfer avec un vocabulaire inacceptable. Tout ceci, vous le savez déjà si vous avez eu l'occasion de voir ce sujet exemplaire et instructif. Mais ce n'est pas le plus surprenant de toute cette affaire, même si cela dépasse, et de beaucoup, les pratiques habituelles de ce type d'entreprises.
J'ai surtout été surpris que Lidl ait accepté de répondre à la demande d'interview sans sembler imaginer un seul instant l'impact désastreux de ses réponses ou plutôt de son absence de réponses. L'infortuné cadre dirigeant sur qui est tombé cette tâche impossible, n’avait aucune chance de s'en sortir à son avantage et il ne paraissait même pas en avoir conscience. Après la diffusion de ce reportage, la direction à décidé de répondre point par point aux questions soulevées par la journaliste. À mon avis, il est un peu tard et le mal est fait. Force est de constater que Lidl n'est pas un cas isolé, et le reportage suivant concernant Free, dont le Président fondateur Xavier Niel se donne des allures sociales, n'est pas plus flatteur. Ce genre de « dialogue social » éclaire d'un jour nouveau les ordonnances qui renforcent le pouvoir patronal dont abuse déjà un certain nombre d'énergumènes.
Commentaires
je me demande combien de temps "ils" vont la supporter son émission sur l'hôpital était aussi remarquable