On ne nous dit pas tout

La satisfaction de François Hollande en annonçant la libération de Serge Lazarevic, le dernier otage français encore détenu dans le monde, a été pour le moins mesurée et probablement à juste titre. Qui, plus que lui, peut savoir à quel prix a été obtenue cette fin heureuse dans une prise d’otage qui a duré plus de 3 ans et qui a coûté la vie à Philippe Verdon, exécuté par ses ravisseurs en mars 2013. La France a choisi la voie de la négociation tandis que d’autres pays, comme les États-Unis, préfèrent se montrer intransigeants tout en essayant de sauver leurs compatriotes par des opérations militaires.

 

Les deux attitudes ont leurs avantages et leurs inconvénients. La récente tentative des Américains de libérer par la force un de leurs ressortissants détenu au Yémen s’est soldée par la mort de celui-ci ainsi que celle d’un otage sud-africain dont la sortie était en cours de négociation. La France affirme qu’elle ne paie jamais de rançon, mais on se doute bien qu’une libération ne peut pas s’obtenir sans contreparties. Des compensations financières sont sûrement versées, ne serait-ce que pour rémunérer les intermédiaires de ce commerce abject. Parfois par les entreprises, qui sont généralement assurées contre ce risque, parfois par l’entremise d’états amis. Sans compter, naturellement, les libérations de détenus proches des ravisseurs, ce qui peut paraitre choquant, mais se révèle un ingrédient indispensable.

Pour autant que l’on puisse le savoir, les désidératas des ravisseurs sont généralement nombreux en début de négociation, quand ils ne sont pas tout simplement inacceptables, comme ceux de l’état islamique, qui ne les formule qu’à des fins de propagande. La recherche d’un compromis est donc nécessairement longue, entrainant des durées de captivité très éprouvantes. Les partisans de la manière forte font surtout valoir que les otages français ont une valeur d’échange importante et sont donc plus recherchés que d’autres. On est malheureusement obligé de le reconnaitre. S’il n’y a plus actuellement d’otages français dans aucune partie du monde, cette situation risque de ne pas durer. On comprend d’autant plus l’appel du président français à prendre toutes les précautions possibles pour ne pas se retrouver dans la situation dont Serge Lazarevic vient tout juste de sortir.