Melon XXL

Est-ce une conséquence du réchauffement climatique ? Les melons français sont arrivés sur le marché avec plusieurs semaines d’avance et subissent de plein fouet la concurrence des cucurbitacées étrangères. Les journaux télévisés nous ont abondamment informés sur la question, mettant l’accent sur les prix bas causés par la surproduction. Ah bon ? Des prix bas ? Ces gens-là ne font pas les courses, ou quoi ? Ah ! excusez-moi ! des prix de misère pour les producteurs, pas pour les clients, même les plus finaux d’entre nous. Ça doit être la chaleur qui fait s’évaporer les marges des distributeurs, car on n’en parle jamais.

Toujours est-il que les étals se remplissent de melons de plus en plus gros à défaut d’être de moins en moins chers. Alors, admettons. On en mange plus, mais on dépense autant. Un bon exemple de cette inflation, c’est le melon présidentiel qui a tendance à gonfler de façon exponentielle ces derniers temps. À tel point que cela a eu des conséquences inattendues. Figurez-vous que la tête du président ne tient plus dans le cadre habituel qui avait suffi à ses prédécesseurs, y compris le général de Gaulle, qui frôlait pourtant le double-mètre et n’était pas réputé pour sa modestie. Le portrait officiel d’Emmanuel Macron, distribué par les préfectures à toutes les mairies qui souhaitent l’afficher, outre sa pose ridicule, mesure pas moins de 5 cm de plus que les anciennes représentations officielles des chefs de l’état. Une manière habile et discrète de démontrer que décidément ce président n’est pas comme les autres. Les maires ont donc le choix : soit de commander un nouveau cadre sur mesure assorti au nouveau portrait, pour la bagatelle de 77 euros hors taxes, port gratuit, chez un fournisseur spécialisé. Soit de fouiner chez Ikea pour acheter un cadre à leur goût, pour un peu moins cher. Soit encore de sortir « un ciseau et une paire de cutters » (sic !) comme cet élu débrouillard, pour rogner les ailes de l’aiglon et le faire rentrer dans l’ancien cadre. Soit enfin de boycotter l’affichage du portrait officiel dans la mairie, pour signifier qu’on a mieux à faire que de s’occuper de l’égo de ce petit monsieur, tout président qu’il soit.

Il faut dire que les premiers pas de Macron sur la scène internationale lui sont un peu montés à la tête. Il était la vedette incontestée du bal des débutantes au G20 et il s’est rendu célèbre par le malaxage de phalanges qui a fait dire à Donald Trump, dont on ne connaissait pas ce sens de l’humour, que c’était « un bon gars, qui adore lui tenir la main ». Qu’il en profite bien : la saison du melon est plutôt courte.