Le fou du Puy

On croyait le titre attribué une fois pour toutes au souverainiste en chef vendéen, Philippe de Villiers, qui a connu son heure de gloire quand il apportait quelques forces d’appoint à la droite traditionnelle, sous la forme de son Mouvement pour la France. Il était alors connu pour l’organisation en Vendée d’un spectacle, toujours visible avec grand succès, nommé « cinéscènie ». Le grand public ne connaissait pas à cette époque le travailleur de l’ombre, celui qui secondait Philippe de Villiers au Puy du Fou, avant de faire ses premières armes en politique, Bruno Retailleau. Et c’est l’éternel second couteau qui se retrouve propulsé sous les feux de la rampe en remportant largement hier la présidence du parti Les Républicains devant l’ancien favori tombé en semi-disgrâce, Laurent Wauquiez.

75 à 25, en arrondissant les scores, est évidemment une victoire sans appel, mais qu’il convient de relativiser. C’est un peu comme si l’on s’extasiait sur la victoire d’un Français à des championnats de France. Il ne s’agit là que d’une compétition interne dans un parti très affaibli ces derniers temps, amputé de son aile la plus droitière, avec la scission provoquée par son ancien Président, Éric Ciotti, passé à l’ancien ennemi Rassemblement national avec armes et bagages, d’une part, et le débauchage constant de ses membres par Emmanuel Macron avec notamment l’ancien Premier ministre Édouard Philippe, toujours en embuscade pour 2027, d’autre part. Un parti croupion qui touchait le fond en 2022 avec le score minimaliste de Valérie Pécresse aux présidentielles : 4,8 %. Il faut toutefois relever un regain d’intérêt pour cette famille politique de la part de son électorat « naturel », puisque la campagne d’adhésion déployée depuis quelques semaines a porté ses fruits. Le parti les Républicains est passé de 40 000 à 120 000 membres à jour de leurs cotisations juste à temps pour voter aux élections internes. Cela ne préjuge pas d’un « raz-de-marée » espéré à des élections présidentielles à venir.

Il est bien connu que les congrès et autres élections organisées pour départager les ambitions personnelles entre les aspirants au pouvoir, tournent le plus souvent à l’avantage des plus radicaux. Dans cette élection, les « programmes » des deux candidats étaient largement interchangeables sur le fond. Les militants semblent avoir donné une prime à l’action en favorisant celui qui était en position de prendre des décisions, au ministère de l’Intérieur. Ils ont validé le choix de la participation au gouvernement de Bruno Retailleau, qui a gravi patiemment et dans l’ombre les échelons vers un sommet qui devient accessible. En 2022, c’était Éric Ciotti qui avait raflé la mise en défendant un rapprochement avec l’extrême droite, qu’il allait finir par assumer seul contre les barons du parti. Il avait alors remporté de justesse (4000 voix sur 60 000) le congrès de la droite devant un certain… Bruno Retailleau !