Les sales guerres
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 20 août 2016 10:30
- Écrit par Claude Séné
Une nouvelle fois, c’est une image d’enfant qui a fait le tour de monde et symbolisé toute l’horreur de la guerre. La photo du jeune Omran, âgé de 5 ans, visiblement sidéré par toute la violence qu’il vient de subir, le visage noirci par la fumée et rougi par le sang, montre concrètement les dégâts subis par la population d’Alep, une ville martyre, cible des bombardements menés par l’aviation syrienne avec la complicité et le soutien de Wladimir Poutine. On sait malheureusement qu’une fois retombée l’émotion, la communauté internationale reviendra à une forme d’indifférence, et que le sort de la guerre n’en sera pas changé.
Nous en avons eu la preuve avec le cliché du petit Aylan, retrouvé mort sur une plage turque l’an dernier, et dont on espérait qu’il permette un sursaut salutaire pour trouver une solution à la crise migratoire qui jette des millions de gens sur les routes et de frêles embarcations pour fuir les combats et la misère. Si l’on remonte encore plus loin dans le temps, c’est en 1972 que la petite Kim Phuc a été photographiée, courant nue après une attaque au napalm qui l’avait gravement brulée dans le dos. La photo est devenue le symbole de la guerre du Vietnam et la mauvaise conscience des Américains, mais n’a pas permis d’abréger la guerre, ne serait-ce que de quelques heures. Depuis toujours, ce sont les populations civiles qui payent le plus lourd tribut dans les opérations de guerre. Auparavant, on avait coutume de parler de « dommages collatéraux » pour bien signifier que les civils n’étaient pas ciblés en tant que tels, mais qu’ils subissaient des contrecoups involontaires et malheureusement inévitables, malgré l’objectif proclamé de « frappes chirurgicales ».
Cette fiction est en train de voler en éclats, en Syrie notamment. Bachar el-Assad essaie de détruire méthodiquement la ville d’Alep, quartier par quartier, sous prétexte qu’elle est un bastion de la rébellion à son régime, et que sa population est nécessairement complice. Au Yémen, un palier supplémentaire a été franchi puisque les hôpitaux mis en place par les mouvements humanitaires sont la cible des bombardements au motif qu’ils soignent aussi des combattants. Les ONG craignent de devoir plier bagage et d’abandonner les victimes à leur triste sort pour protéger leurs ressortissants. L’absence d’un ordre mondial, un rôle que jouait tant bien que mal l’ONU jusqu’il y a peu, laisse libre cours à tous les excès. On se consolera difficilement en songeant qu’il n’y a pas de conflit généralisé, contrairement aux générations précédentes, mais on continuera à devoir se lamenter de toutes ces atrocités.