Ils sont chez eux !
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 19 août 2016 10:36
- Écrit par Claude Séné
Et ils le font savoir avec force manifestations, les Corses de la région de Bastia. Au point de me laisser un drôle de goût amer dans la bouche en les entendant revendiquer un droit du sol aux relents d’exclusion et, disons-le franchement, de racisme. Le procureur de la République aura beau nier toute connotation radicale islamiste d’un côté et tout sentiment de rejet des Arabes en raison de leur origine de l’autre, le slogan est clair. En décrétant « on est chez nous », les Corses sous-entendent visiblement que ce n’est pas le cas des familles d’origine maghrébine avec lesquelles ils ont eu maille à partir.
Les applaudissements et les discours exaltés qui ont suivi la sortie des gardés à vue du côté des insulaires renforcent le sentiment de malaise. On se dit que si les intéressés étaient alors présents, ils passeraient un sale quart d’heure, et l’on n’est pas loin de la justice chère à Monsieur Lynch. Je ne me prononcerai pas sur les responsabilités dans l’altercation qui s’est déroulée sur la crique de Sisco, la justice devra faire son travail pour les déterminer, mais même à supposer que l’origine des troubles soit du côté des familles d’origine maghrébine, cela n’excuse en rien cette réaction d’une partie de la population corse, prête à en découdre avec tous ceux qui n’ont pas eu le privilège de vivre dans l’île de beauté depuis des générations. Ces familles auxquelles ils contestent le droit de cité ne sont pas arrivées par hasard. Elles sont pour la plupart des descendantes des ouvriers maghrébins, principalement marocains, qui sont arrivés dans l’île pour construire les maisons ou les immeubles dans lesquels habitent aujourd’hui de nombreux Corses estampillés pur jus.
Et puis, qui est « on » ? « On est un con », parait-il. Je ne suis pas loin de partager cette opinion. Au-delà de la magnifique faute de syntaxe qui mélange 3e personne du singulier et 1re personne du pluriel dans une même formule, la sentence tend à amalgamer tous ceux qui l’entendent, que leurs ancêtres soient bretons, allemands, italiens ou que sais-je, contre les autres, eux, les étrangers. C’est une logique binaire, simpliste, commode pour marquer les points à la belote, mais totalement inadéquate en la circonstance. Alors, quoi ? Y aurait-il une race corse, comme il y avait soi-disant une race aryenne ? N’en a-t-on pas soupé de cette idéologie qui aboutit inévitablement à des affrontements meurtriers ? Que ce soit la Shoah ou le massacre entre Tutsis et Hutus, voire les guerres en Côte d’Ivoire ou au Mali. Combien faudra-t-il de génocides pour convaincre de la nécessité de cohabiter, y compris avec ceux qui semblent les plus différents ?