Pousse au crime
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 15 août 2016 10:23
- Écrit par Claude Séné
Les réseaux sociaux sont décidément le lieu de tous les excès. Dernière en date, mais certainement pas ultime provocation, celle d’un twitto qui appelle carrément au meurtre du président de la république et de son Premier ministre sous le hashtag #AssassinerHollandeValls. On croit rêver. Quelle que soit l’opinion que l’on puisse avoir de l’action des responsables politiques, il parait surréaliste de suggérer à ses concitoyens de les assassiner. À tel point qu’on serait presque tenté de croire l’auteur de cette ineptie quand il prétend avoir voulu parler métaphoriquement de mort en leur demandant en réalité d’arrêter leur carrière politique.
La déferlante Internet a permis de libérer des paroles, parfois en bien, en permettant à de simples citoyens d’exprimer leur opinion, mais aussi, et le plus souvent en mal en permettant aux penchants les plus condamnables de s’exprimer sous couvert d’anonymat. Le moindre article traitant de sujets de société déchaîne habituellement un flot de commentaires haineux, grossiers, vulgaires, racistes, homophobes, misogynes, j’en passe et de pires, sans que le média qui les reçoit ne prenne généralement la peine de les « modérer », comme l’on dit. Dans le cas des réseaux tels que Twitter ou Facebook, une telle modération existe, mais elle ne s’applique qu’à des sujets spécifiques. Le moindre cliché montrant un corps dénudé est traqué sans pitié et immédiatement retiré, alors que des propos haineux ou polémiques peuvent traîner longtemps sans réaction de l’hébergeur. De la même façon, la jeunesse, préservée de la représentation du corps humain, peut sans difficulté observer les pratiques dégradantes des terroristes : attentats, décapitations, humiliations, assassinats, etc. La banalisation de ces scènes d’horreur explique peut-être en partie l’inconscience de ces esprits faibles qui confondent liberté de parole et agression verbale, avec la complicité des hébergeurs des sites concernés.
L’homme à l’origine de cet appel au meurtre a écopé d’une condamnation à 5 mois de prison ferme, dont on peut se demander quelle sera la vertu pédagogique si toutefois il les accomplit. Il est cependant important symboliquement que l’état marque sa fermeté dans des dossiers apparemment secondaires, mais qui pourraient faire boule de neige si l’on n’y prenait garde. Il faudrait faire preuve de la même détermination à l’égard des hébergeurs qui manquent à leur devoir de vigilance et les soumettre à de lourdes amendes, qu’ils ont largement les moyens de payer dans la mesure où ils se débrouillent pour échapper aux impôts sur les sociétés dont ils devraient normalement s’acquitter sans une politique « d’optimisation fiscale » confinant à l’escroquerie.