Meccano
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 11 août 2016 10:48
- Écrit par Claude Séné
Dans mon enfance, qui, je vous l’accorde, remonte à quelques dizaines d’années, alors que monsieur Lego n’était même pas né, le summum du jouet technologique était représenté par la marque Meccano qui commercialisait un jeu de construction formé d’éléments métalliques. Il me souvient ainsi d’une grue, dont les cornières étaient particulièrement coupantes, au détriment de mes doigts d’enfant, rapidement agressés par le métal et qui saignaient abondamment au grand dam de la famille qui n’applaudissait pas à grands cris. Le patron de la société Altice, Patrick Drahi, est trop jeune pour avoir connu les jouets en question, mais il semble apprécier le Meccano industriel.
Je vais essayer de vous résumer la situation, et ce n’est pas facile. Monsieur Drahi a racheté Numericable, qui a lui-même fusionné avec le groupe SFR. SFR avait préalablement absorbé le groupe Neuf télécom, qui avait phagocyté Cegetel, lequel avait déjà récupéré de plus petits opérateurs comme Club-Internet par exemple. Bon, je vous la fais courte, mais un abonné Club-Internet de la première heure a ainsi pu changer de mains, et de box, 3 ou 4 fois dans sa carrière d’internaute. Il a aussi eu à faire avec des services client successifs et a pu mesurer à quel point il n’était que quantité négligeable dans ce jeu planétaire de fusion, concentration, acquisition, pratiqué par des généraux d’industrie tels que Monsieur Drahi. Bizarrement, le client de base semble en avoir assez d’être maltraité tout en payant fort cher des services de piètre qualité, et il le fait savoir. En un an, SFR a perdu près d’un million d’abonnés, partis voir si l’herbe est plus verte du côté de la concurrence.
Devant une situation qu’il a contribué à créer, Monsieur Drahi n’hésite pas à revenir sur son engagement de 2014 quand il promettait de conserver l’emploi pour rassurer le pouvoir et museler les syndicats. Il est désormais prévu de supprimer 5 000 postes sur 15 000, soit un tiers des effectifs. Il va falloir qu’il m’explique comment on peut améliorer la relation client et la qualité des services rendus en étant trois fois moins nombreux. Une équation que les syndicats CGT et CFE-CGC ne le pensent pas capable de résoudre eux non plus, puisqu’ils appellent à une grève début septembre, mais qui semble convenir à l’UNSA et à la CFDT, pour des raisons qui m’échappent et qui sont dans la continuité de la loi Travail. Une chose est sûre, ce jeu de Meccano va encore une fois faire des victimes, mais ce ne sont pas les doigts de Monsieur Drahi qui vont saigner.