Jarnicoton !
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 12 août 2016 10:23
- Écrit par Claude Séné
Quel est le point commun entre Nicolas Sarkozy et Henri IV ? vous donnez votre langue au chat ? Ils sont tous deux prêts à renier leurs convictions pour exercer le pouvoir. Souvenez-vous du fameux « Paris vaut bien une messe » qui sanctionnait la conversion d’Henri de Navarre, protestant et ennemi juré des catholiques ligueurs, afin de s’emparer de la capitale et du trône de France. Sarkozy, quant à lui, semble prêt à abjurer sa foi dans le droit du sol, qu’il défendait pourtant mordicus en 2012 quand il briguait les suffrages des Français en vue de sa propre succession.
À l’époque du bon roi Henri, le clergé tentait de lutter contre la propension naturelle au blasphème qui s’exprimait dans des jurons bien sentis notamment de la part de la soldatesque, très représentée du fait des incessantes guerres de religion. Parmi les pires expressions mêlant le nom du seigneur à la colère humaine, figuraient : Mordieu ! Ventre de dieu ! ou Par le sang de dieu ! à défaut de pouvoir les interdire totalement, l’église suggéra de remplacer le nom de Dieu, qu’il ne fallait pas invoquer en vain, par celui de bleu, politiquement plus correct. D’où la litanie formant une partie de la ronde des jurons chère à Brassens : morbleu ! palsambleu ! parbleu ! ventrebleu ! sacrebleu ! et bien entendu, jarnibleu qui remplaçait avantageusement « je renie dieu ». Malheureusement, la ficelle était un peu grosse, et si de simples mortels pouvaient la discerner, inutile d’espérer berner le tout-puissant avec un si piètre subterfuge. Pour l’éclairer dans sa toute récente foi catholique, Henri IV avait fait appel à un jésuite, le père Coton, devenu son confesseur et directeur de conscience. D’où l’idée de transmuter le juron favori du roi, « jarnidieu ! » en « jarnicoton », beaucoup moins compromettant.
On sait que l’ancien président emploie un langage plutôt fleuri en privé et parfois en public quand il s’oublie auprès des pauvres cons qu’il rencontre. Sa position sur le droit du sol est un bon exemple de fluctuation et de revirement non assumé. Alors qu’il défendait une ligne : « le droit du sol, c’est la France » en 2012, et « un enfant né en France est Français » en 2015, voilà qu’il propose d’assortir l’obtention de la nationalité à certaines conditions, ce qui revient à vider le principe du droit du sol de son contenu, et donc à l’abroger sans le dire. On voit bien que Sarkozy mise à nouveau sur des propositions ultradroitières pour tenter de remporter les primaires. Pour perpétuer la tradition d’Henri IV, on le verrait bien s’exclamer : « Jarnibuisson », du nom de son sulfureux conseiller en bassesses électoralistes.
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