Terroriste ou forcené ?
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 25 juillet 2016 10:30
- Écrit par Claude Séné
Encore une tuerie de masse la semaine dernière dans un centre commercial à Munich. Neuf personnes y ont laissé la vie et 35 autres ont été blessés plus ou moins grièvement. Pendant les premières heures, la confusion a régné sur le nombre et les motivations du ou des assaillants, jusqu’à ce que la police détermine qu’il n’y avait eu qu’un seul tireur et qu’il s’était donné la mort. Après l’identification de l’auteur de cet attentat, la piste terroriste a été pratiquement exclue au profit de la thèse d’un acte isolé commis par un déséquilibré.
Curieusement, la découverte du passé psychiatrique de cet adolescent possédant la double nationalité allemande et iranienne, a semblé soulager l’opinion publique. « Heureusement », il s’agissait d’un forcené et non d’un terroriste. Tout se passe comme si la violence commise par une personne aliénée était du ressort de la fatalité, tandis que celle causée par une volonté idéologique de nuire à une société relevait de la responsabilité des autorités et serait inacceptable. Ce ne serait pas l’acte proprement dit qui qualifierait la nature de l’attentat, mais ses motivations. Lorsque les premières informations ont été connues sur le drame du 14 juillet à Nice, on a eu le sentiment qu’il s’agissait du coup de folie d’un homme seul, déterminé à causer le plus grand nombre de victimes possible, sans motivations religieuses, ou alors acquises de fraîche date. Un peu comme ce pilote de la Germanwings qui avait écrasé son avion en montagne, entraînant les passagers dans sa mort programmée.
À l’inverse, à Munich, les premières estimations faisaient penser à un acte terroriste et la révélation de la dépression de son auteur et du suivi dont il faisait l’objet, sans annuler les conséquences dramatiques pour les victimes, a fait retomber l’inquiétude de la population. Par définition, la folie est ce qui échappe au raisonnement, à la logique. Une folie meurtrière est donc généralement imprévisible. Cependant, il semblerait que le forcené de Munich était obsédé par les tueries de masse et vouait un véritable culte à Anders Breivik, auteur de la tuerie d’Utoya, au nom d’un fanatisme délirant d’extrême droite. Bien difficile de tracer une frontière entre des motivations idéologiques ou religieuses pour justifier des actes de violence extrême, et une aliénation mentale plus ou moins caractérisée, comme celle de ce patient d’un hôpital psychiatrique à Pau qui s’en était pris au personnel. Le terme de forcené ne fait d’ailleurs pas l’objet d’une catégorie médicale, mais s’applique en définitive à toute personne dont le comportement violent semble échapper à toute raison. Terroriste ou forcené, la peste ou le choléra ?