L’envie

Derrière sa définition la plus simple : « tristesse ressentie face à la possession par un autre d’un bien », ou « sentiments ressentis quand on convoite le bien d’autrui avec la volonté de se l’approprier à tout prix », j’étais loin de me douter de ce qui s’y cachait de grave ou de dramatique. L’envie peut être considérée comme une passion, composée de tristesse, de haine, d’indignation, d’ambition et d’orgueil. L’envieux est malheureux, il est rempli de chagrin à l’idée du bonheur, du succès, des avantages d’autrui. Il est porté à vouloir toutes les jouissances pour lui exclusivement, et il voudrait les anéantir s’il ne peut les posséder.

Généralement, l’envie s’adresse à nos pairs, nos égaux, nos proches qui nous paraissent nos rivaux, on souffre de la réussite de son semblable, elle génère la douleur de se croire impuissant à atteindre le bien ou le bonheur de l’autre alors qu’on est son égal. Elle développe un sentiment d’injustice, en même temps qu’une agressivité envers le possesseur envié.

Dans la Bible, l’envie empêche de trouver le sommeil paisible, crée souffrance intérieure, obsession et ressentiment, elle peut mener au meurtre, exemple Abel et Caïn. C’est parce qu’il était envieux du bonheur promis à l’humanité en la personne d’Adam et Ève, que le diable a tout fait pour qu’ils soient chassés du paradis et condamnés à devenir mortels.

Du point de vue psychanalytique, l’envie est inavouable, car elle n’a pas de justification rationnelle. L’envieux est fasciné par la personne enviée, il aimerait autant qu’elle soit dépouillée que d’être à sa place. Au cœur de l’envie, par la comparaison à l’autre défavorable à l’envieux, s’active un sentiment d’infériorité créant honte et culpabilité, surtout quand l’envie est refoulée, car c’est une émotion taboue, condamnée par la morale et le social.

Du point de vue de Freud, l’envie est fondée sur la perception d’un manque, essentiellement envie du pénis par la fille, qui prend le sens d’un désir de possession de l’objet convoité. Il aurait dû compléter par le désir d’un homme de posséder le pénis d’un autre homme, ou de posséder les propriétés féminines, ou l’envie d’une femme pour le pouvoir détenu par une autre femme. Il est question de toute façon d’une envie de puissance et de domination.

Pour Mélanie Klein, l’envie concerne un rapport très ancien du sujet au premier objet d’amour. Elle suscite une colère destructrice contre ce premier objet qui possède quelque chose que lui-même n’a pas. C’est la manifestation d’une pulsion de mort, il s’agit de détruire le « sein », fut-il bon et surtout parce qu’il est « bon » ! Ce désir de destruction de ce qui est bon est mystérieux, car il s’attaque au sujet lui-même.

La meilleure façon d’échapper à ce sentiment dont je ne soupçonnais pas la violence, c’est d’être capable de gratitude, de reconnaissance pour ce qui est bien et bon, et en cela je suis sûre de vous comme de moi…

L’invitée du dimanche

Commentaires  

#2 jacotte 86 24-07-2016 11:38
j'espère au contraire que leur lecture vous renvoie de vous une image positive...vous n'avez aucune de ces maladies ou alors soignez vous vite!!!
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#1 Claude 24-07-2016 10:48
La lecture de tes billets estivaux, chère invitée, c'est comme celle d'un dictionnaire médical: on a l'impression de tout avoir, y compris l'envie d'avoir envie, comme Johnny Halliday...
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