Le retour du refoulé
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 31 octobre 2014 10:30
- Écrit par Claude Séné
Il devait être triomphal et emporter tout sur son passage. Celui qui avait été remercié par les Français s’imaginait qu’il lui suffirait de reparaitre pour être plébiscité et remporter l’adhésion des déçus du hollandisme. S’il est vrai que seule une infime minorité souhaite que le président actuel se représente en 2017, ce n’est pas l’ancien président Sarkozy qui en tire les bénéfices.
Ce n’est pourtant pas faute de faire du forcing. Depuis qu’il a décidé qu’il était obligé de revenir en politique, il a repris ses méthodes habituelles en martelant ses demi-vérités ou ses gros mensonges pour en faire des arguments imparables, se donnant le beau rôle sans la moindre vergogne. Sa dernière trouvaille c’est celle d’un bilan sans tache de ministre de l’Intérieur et de président, exploitant effrontément le drame de Sivens et s’assoyant sur les morts de Zied et Bouna à Clichy-sous-Bois en 2005 ou de Laramy et Mushin à Villiers-le-Bel en 2007. Devant un public tout acquis à sa cause puisque sa campagne s’adresse au noyau dur des militants de l’UMP, cela peut encore passer, mais son pouvoir de persuasion s’émousse dès que l’on s’éloigne de ses soutiens indéfectibles.
Les enquêtes d’opinion montrent une érosion de son image auprès des sympathisants de droite et des Français en général, qui lui préfèrent Alain Juppé. Rien ne devrait cependant empêcher Sarkozy de reconquérir l’UMP, mais pour quoi faire ? On prête à l’ancien président l’intention de dissoudre le mouvement qu’il avait bâti sur les ruines du RPR pour en créer immédiatement un « nouveau », en espérant que le tour de passe-passe lui permettra d’engranger une popularité nouvelle et accessoirement de renflouer les caisses qu’il a complètement asséchées lors de ses derniers exploits. S’il y a une chose qui n’a pas changé, c’est bien l’appel au peuple et au porte-monnaie. Restera à trouver un nom bien ronflant et facile à retenir, comme le PMU par exemple.
Pendant ce temps, Alain Juppé peaufine son discours, un exercice difficile qui consiste à ne surtout rien dire tout en parlant d’abondance. Son camp bâtit sa stratégie sur le thème du meilleur rempart contre le Front national, ce qui est une foutaise, car les risques de voir Marine Le Pen au second tour sont aussi importants que ses chances de l’emporter sont nulles. Même le repoussoir Sarkozy battrait facilement l’épouvantail Le Pen. Si l’on devait en arriver là, ce serait sans moi.