Et Hitler dans tout ça ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 16 mai 2016 10:22
- Écrit par Claude Séné
Ne dites pas à Boris Johnson qu’on pourrait facilement le confondre avec Donald Trump, il déteste ça, parait-il. Et pourtant, en dehors du fait qu’ils semblent partager le même artiste capillaire, leurs discours respectifs présentent des similitudes troublantes. L’ancien maire de Londres s’est encore signalé en comparant l’Union européenne à Hitler, ou à Napoléon, ce qui, aux yeux des Anglais, est une insulte encore plus infamante. À 6 semaines d’un référendum crucial pour le maintien ou non du Royaume uni dans la communauté, Boris Johnson ne fait pas dans la dentelle et entend bien mettre toute son énergie dans la bataille.
La stratégie de Boris Johnson, comme celle de Donald Trump ou de tous les populistes de la terre, est de multiplier les déclarations provocatrices de manière à occuper le terrain médiatique. Il acquiert ainsi une réputation de non-conformisme en des temps où les élites ont sérieusement du plomb dans l’aile. Bien qu’il vienne de l’establishment, il essaie de passer pour un rebelle à l’ordre établi alors qu’il vise en réalité à conserver les privilèges de la caste des gouvernants qu’il espère diriger un jour. Pour justifier ce parallèle plus qu’audacieux entre l’Union européenne et le dictateur sanguinaire, il joue sur la défiance instinctive des Anglais contre le continent et feint de considérer les normes européennes comme autant de coups de poignard dans le dos des insulaires. Si vous le poussez un peu il concèdera que les institutions de Bruxelles ne sont pas toutes des bêtes féroces assoiffées de sang, mais la comparaison et son effet inconscient resteront.
Le pire, c’est que ça marche. Les facéties de ces clowns médiatiques amusent le peuple qui se reconnait dans ces excès tout en le dédouanant de ses instincts parfois peu glorieux. 45 % des Anglais déclarent faire confiance à Johnson contre 21 % à Cameron en matière européenne. Quand on sait que les sondages donnent le oui et le non au Brexit au coude à coude, cela pourrait faire la différence. Et vous savez quoi ? on en arrive à se demander si nous n’aurions pas intérêt à ce que l’Angleterre vive sa vie plutôt que de forcer les Anglais à appartenir à un ensemble dont ils n’ont jamais voulu dès l’origine, du moins sous la forme souhaitée par les pères fondateurs. Des accords de libre-échange leur suffiraient amplement, et dans le fond, à nous aussi, si le seul objectif des Anglais dans l’Union consiste à la paralyser et à l’empêcher de développer une politique commune dans les domaines cruciaux d’une politique étrangère commune ou l’harmonisation des fiscalités et du droit social. Good night, and good luck!